Emploi : moins de chômeurs ? Plus de travailleurs pauvres !26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Emploi : moins de chômeurs ? Plus de travailleurs pauvres !

D’après les chiffres officiels, le chômage aurait baissé en France, ne touchant plus que 8,7 % de la population active, soit la même proportion qu’il y a dix ans. Devant ces annonces, le gouvernement et les médias restent cependant dans la retenue et la modestie, car ils savent bien qu’elles cachent une réalité autrement plus difficile.

Tout d’abord les travailleurs ont du mal à croire que le chômage régresse, alors que les seules nouvelles sont celles de fermetures d’entreprises, effectives, en cours ou en projet. On n’entend en revanche jamais parler d’ouvertures d’entreprises qui embaucheraient des salariés en grand nombre, avec des contrats à durée indéterminée et des salaires équivalant à ceux naguère versés par d’autres grandes entreprises. En fait, un travailleur licencié, lorsqu’il retrouve du travail, perd son ancienneté et sa qualification, enchaîne les contrats courts, multiplie les déplacements, traverse des périodes de chômage. Et pourtant cet ouvrier à la vie fracassée compte pour un succès de la lutte contre le chômage.

Une seconde façon d’améliorer les chiffres consiste à changer la façon de compter. Des millions de travailleurs de ce pays sont précaires. À partir de combien d’heures travaillées par semaine, par mois ou par an sont-ils considérés comme « en emploi » par l’administration ? La manœuvre consiste évidemment à abaisser ce seuil, pour faire diminuer le nombre de chômeurs sur le papier. Le gouvernement s’y emploie et va encore y travailler avec ses nouvelles mesures sur l’indemnisation du chômage. Mais cela ne dit pas encore tout. On peut avoir un contrat de travail à temps et salaire partiels, et dont la spécificité fait qu’il est matériellement impossible de le compléter. L’employeur ne le veut pas, les horaires font qu’on ne peut pas trouver de complément chez un autre employeur. C’est très fréquent dans le ménage, les services à la personne ou le commerce. On remplace ainsi des chômeurs par des travailleurs qui ne peuvent vivre de leur salaire.

Il y a aussi, d’après les statistiques, tous ceux qui restent au chômage. On ne compte plus les villes et les quartiers où les usines ont fermé, dont les services publics sont partis, où il n’y a pas de transports : de véritables poches de misère. C’est dans ces régions que les gouvernants, malgré tous leurs discours, ferment hôpitaux et écoles, réduisent les subventions aux mairies et aux associations. Les travailleurs des petites villes et quartiers sinistrés ne reçoivent des gouvernements que du mépris en permanence, et des descentes de police de temps en temps.

Et, en dehors des statistiques du chômage, il y a tous ceux qui n’en sont sortis que pour toucher des allocations encore plus misérables, voire pas d’allocation du tout. Il y a aussi tous ceux qui n’y sont jamais entrés, ne prenant pas plus la peine de consulter l’administration pour toucher quatre sous que pour aller voter. Par exemple, un tiers des personnes qui auraient droit au RSA ne vont pas le réclamer, et elles ne sont évidemment pas dans les statistiques du chômage.

Le recul des chiffres du chômage cache donc, bien mal, l’appauvrissement général de la classe travailleuse et la régression de ses conditions de vie. Il n’en est pas moins un succès réel de la politique de Macron, puisque faire baisser le niveau de vie des travailleurs est très exactement ce que le patronat attend des gouvernements.

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