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Leur société
Exploitation : Arnault, médaille de bronze
Mardi 18 juin, l’agence de presse Bloomberg a annoncé que la fortune de Bernard Arnault avait franchi les 100 milliards de dollars (89 milliards d’euros).
Ce patron du groupe de luxe LVMH, propriétaire de médias comme Le Parisien et actionnaire de Carrefour, devient par la même occasion le troisième homme le plus riche du monde derrière le fondateur de Microsoft, Bill Gates, et le patron d’Amazon, Jeff Bezos.
L’augmentation de la fortune d’Arnault est hallucinante. Depuis janvier 2019, elle s’est accrue de 30 milliards d’euros, soit le coût de la construction de 80 hôpitaux ou de près de 900 000 emplois payés à 1 800 euros net, cotisations acquittées. Cela s’explique par la hausse de 40 % du cours de l’action LVMH et par l’augmentation de 20 % des profits du groupe. Autrement dit, par la spéculation. D’ailleurs cette folie spéculative est telle, dans le monde capitaliste que ce même Arnault a pu gagner 2,8 milliards de dollars en une seule journée. C’est plus de 70 fois le salaire annuel du footballeur Neymar, déjà pas ridicule.
Mais l’ensemble de la fortune d’Arnault provient avant tout de l’exploitation des travailleurs, et notamment de ceux de LVMH et de Carrefour, qui vient d’ailleurs d’annoncer 3 000 suppressions de postes. Si Arnault est devenu le plus riche des bourgeois français en héritant d’une importante et prospère entreprise du bâtiment, ce polytechnicien doit surtout son ascension à un énorme coup de pouce de l’État. En 1984, le gouvernement de gauche lui a permis de racheter pour une bouchée de pain le groupe Boussac, un empire du textile en faillite. L’État lui a alors accordé de grosses subventions publiques et des prêts à des taux avantageux, en échange de quoi il ne devait ni licencier ni démanteler le groupe. Une fois l’accord passé, Arnault s’est bien sûr empressé de tailler dans les effectifs, de fermer des usines et de vendre ce qui ne lui rapportait pas assez, pour ne garder que deux pépites, Dior et le Bon marché, qui lui ont permis d’engranger d’énormes profits et de constituer un immense groupe basé sur le luxe.
Malgré cela, Arnault n’a jamais caché que ses amitiés politiques vont plutôt à droite. Il a été témoin du mariage de Sarkozy en 1996 et a fêté avec lui au Fouquet’s sa victoire à la présidentielle de 2007. Avec le président actuel, les relations sont si bonnes qu’en 2018 il a été l’un des deux grands patrons français à être invité par Macron à un dîner à la Maison-Blanche organisé par Trump. Les liens de LVMH avec l’État sont d’ailleurs si étroits que son conseil d’administration est truffé d’anciens hauts fonctionnaires. Enfin, cerise sur le gâteau, LVMH s’est attaché les services de Bernard Squarcini, ex-directeur des services secrets intérieurs et spécialiste des coups les plus tordus, dont le grand patronat ne peut se passer pour faire prospérer ses affaires !
L’enrichissement des capitalistes comme Arnault est bien plus révoltant que celui des joueurs de foot. Et pas seulement parce que leurs fortunes sont bien plus énormes, mais surtout parce qu’ils possèdent les banques et les grandes entreprises qui leur permettent d’imposer leur dictature à toute la société, d’avoir l’État à leurs pieds et de voler les richesses créées par la collectivité, quitte à ruiner l’humanité entière.