Contre le plan de General Electric, contre le chômage, il faut interdire les licenciements !26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre le plan de General Electric, contre le chômage, il faut interdire les licenciements !

Samedi 22 juin, 8 000 personnes sont descendues dans les rues de Belfort contre les 1 000 suppressions d’emplois prévues à General Electric (GE). Ceux qui se battent pour sauver leur emploi en ont entraîné des milliers d’autres, qui savent qu’ils sont tout autant concernés. « Eux, nous, c’est le même combat », disait une ouvrière d’une entreprise sous-traitante.

Les gilets jaunes se sont mobilisés, ainsi que des artisans qui avaient une banderole « Artisans en colère ». Des magasins avaient baissé le rideau en signe de solidarité. Comme a dit un boucher-charcutier installé à Belfort depuis vingt ans, « l’impact sera énorme sur les commerçants ».

C’était une manifestation ouvrière massive, comme il y en a eu dans de nombreuses villes du pays à chaque fois qu’une grosse usine a fermé ses portes, menaçant de ruiner toute une région. À chaque fois, les ouvriers ont entraîné dans leur combat le reste de la population.

GE est un des plus grands groupes industriels de la planète, dont les bénéfices pour les seuls trois premiers mois de l’année atteignent 954 millions de dollars. Maintenir 1 000 emplois ne représenterait qu’une goutte d’eau pour une telle multinationale. Mais la vie de travailleurs et l’avenir d’une région n’entrent pas en ligne de compte. C’est la dictature du grand capital qui s’impose. Et l’État ne s’y oppose pas, il l’accompagne.

En 2015, au moment du rachat d’un des sites d’Alstom de Belfort par GE, le groupe s’était engagé à créer 1 000 emplois sur quatre ans. Il n’en a créé aucun et a juste payé une amende de 50 millions d’euros. Le gouvernement n’a rien fait pour l’obliger à tenir sa promesse. Aujourd’hui, devant l’émotion et la mobilisation, Macron et ses ministres ont fait mine de se préoccuper du sort des travailleurs. Mais c’est pour mieux les lanterner et les attaquer.

Au moment où les plans de licenciements s’accumulent, comme celui de GE ou encore celui des magasins New Look, qui vient d’être annoncé et va mettre 400 personnes à la porte, le gouvernement s’en prend aux chômeurs. Il réduit le droit aux indemnités de chômage en imposant d’avoir travaillé 6 mois sur 24 au lieu de 4 sur 28 pour y avoir accès. Et il diminue leur montant par une nouvelle méthode de calcul.

Les millions de travailleurs qui alternent les contrats de quelques semaines ou de quelques jours et les périodes de chômage sont les premiers visés. Mais c’est en réalité une attaque contre tous les travailleurs. Le message au monde du travail est clair : vous devrez encore plus accepter n’importe quel travail, à n’importe quelle condition et à n’importe quel salaire !

Lutter contre le chômage, ce serait d’abord s’opposer aux licencieurs et interdire les licenciements. Ce serait créer des emplois dans les services publics, par exemple dans les services d’urgence des hôpitaux où les aides-soignants et les infirmiers, qui sont en grève depuis des mois, réclament 10 000 embauches. Mais, pour cela, il faudrait s’opposer aux intérêts du grand patronat et prendre sur ses profits.

L’an dernier, les 40 plus grosses entreprises françaises cotées en Bourse ont distribué 51 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, un record historique. Avec cette somme, 1,5 million d’emplois payés 1 800 euros net pourraient être créés, cotisations sociales acquittées.

Le grand patronat et le gouvernement sont des alliés qui mènent ensemble une véritable guerre de classe contre les travailleurs. Elle est implacable, parce que la crise économique s’aggrave et les rivalités commerciales s’exacerbent. Alors, les capitalistes, pour accroître leurs marges, s’en prennent aux travailleurs. Pendant ce temps, le gouvernement les ligote et leur assène ses propres coups. D’un côté, la grande bourgeoisie s’enrichit comme jamais, de l’autre, la condition ouvrière recule et la société pourrit sur pied.

Les travailleurs peuvent remettre en cause le pouvoir du grand patronat car, dans les entreprises, c’est leur travail qui est à l’origine de tous les profits et de tout le capital.

Comme le montre la manifestation de Belfort, ils peuvent entraîner le reste de la société dans leur combat. Pour cela, il faut qu’ils osent parler de leur propre voix et mettre en avant leurs propres revendications de classe, à commencer par celle d’un emploi et d’un salaire digne pour tous, sans se laisser arrêter par ceux qui disent que ce n’est pas réaliste. C’est aux travailleurs de dire et d’imposer ce qui est nécessaire.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 24 juin 2019

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