Orange : les parafoudres, un risque que le patron veut enterrer20/09/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/09/2564.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Orange : les parafoudres, un risque que le patron veut enterrer

Un élu CGT d’Orange a alerté à nouveau la direction sur le travail dangereux consistant à retirer des fusibles radioactifs sur les lignes, fusibles dont la dangerosité avait déjà été dénoncée il y a plus de quinze ans.

Les parafoudres, en fait des fusibles, sont de petites ampoules en verre, en céramique ou en métal destinées à protéger les lignes de la foudre. À cause de leur radioactivité et des nombreux cas de cancers qui en étaient résultés, la direction de France Télécom en avait interdit l’usage. Mais elle en avait déjà installé près d’un million.

Ce n’est qu’en 2002 que France Télécom, aujourd’hui Orange, avait donné l’ordre de les retirer, sans pour autant expliquer le danger que représentait leur manipulation. En effet, ces parafoudres contiennent des produits radioactifs qui vont du tritium au radium 226, en passant par le thorium 232 et le prométhium. Et un très grand nombre sont encore en service.

Pour changer un parafoudre, le technicien se débrouillait comme il le pouvait, souvent en le tenant entre les dents, de manière à pouvoir utiliser tournevis et pinces. Dans le meilleur des cas, il le mettait ensuite dans sa poche en attendant de le stocker dans une simple boîte dans le camion. Tous ces parafoudres étaient ensuite entassés dans des fûts situés dans de simples abris, quand même fermés avec un cadenas. Et cela continue...

Peut-être que chaque parafoudre est faiblement radioactif mais leur contact régulier devient dangereux. Et que dire alors de fûts remplis de milliers de ces parafoudres !

Depuis des années les militants syndicaux des comités d’hygiène et sécurité dénoncent cette carence d’Orange. Des analyses ont été faites par une commission de recherche indépendante sur la radio activité, la Criirad.

Selon cette commission, dans ces fûts de stockage le niveau de radioactivité est énorme. Pour le tritium, il atteint deux millions de becquerels par litre, alors que la dose normale est inférieure à... deux becquerels par litre ! Le reste est à l’avenant. Mais voilà ce qu’en disait un des directeurs de l’unité d’intervention de la région Auvergne en 2010 : « Ce n’est pas parce que c’est un peu radioactif que c’est dangereux. » Il négligeait de dire que, chaque fois qu’un technicien ouvrait un fût pour y déposer un nouveau lot de parafoudres, il recevait une dose considérable de radiations. Orange poussait le cynisme jusqu’à autoriser un de ses responsables à déclarer : « Et puis les salariés n’entrent pas dans les fûts quand ils stockent les parafoudres. » Ce qui permit au syndicaliste CGT de lui répondre : « Pour les déposer sans qu’ils se cassent, on est bien obligé d’y mettre le nez. »

Et aujourd’hui la direction d’Orange devrait, dit-elle, faire le nécessaire. Va-t-elle enfin isoler ces fûts et modifier la procédure de collecte de ce million de parafoudres ? Rien n’est moins sûr, puisque son responsable Espace Santé déclare : « Ces mesures de la Criirad ne permettent pas de tirer des conclusions. » Orange va donc réaliser de nouvelles mesures, ce qui lui permettra de gagner du temps.

S’occuper des profits et de la sécurité des agents, la direction d’Orange ne peut pas faire deux choses à la fois.

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