Livret A : vol au bénéfice des banquiers20/09/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/09/2564.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Livret A : vol au bénéfice des banquiers

Le gouvernement a annoncé que le taux du livret A resterait bloqué à 0,75 % pendant un à deux ans, alors qu’il aurait dû être de 1 % depuis août dernier. C’est un vol pur et simple au profit des banques.

Le livret A ne représente que 5,2 % du patrimoine financier des ménages, mais c’est là où se trouve placée presque toute l’épargne de ceux qui, dans les milieux populaires, parviennent à mettre un peu d’argent de côté : 4 375 euros en moyenne, et même moins de 150 euros pour deux livrets sur cinq. Rogner sur les taux d’intérêt du livret A signifie que ces petites économies chèrement acquises seront encore moins protégées de l’inflation.

Jusqu’en novembre dernier, le taux du livret A était indexé sur l’indice des prix de l’Insee avec un supplément de 0,25 %. Hollande avait supprimé ce petit bonus, en prenant soin de reporter après les élections l’application de cette mesure. Même avec ce nouveau mode de calcul, le taux d’intérêt du livret A aurait dû passer à 1 %.

La raison invoquée pour justifier ce blocage est qu’il profiterait au logement social. Cette idée, qui ne date pas de Macron, est une légende qui a la peau dure. Elle repose sur le fait que la collecte du livret A est en partie centralisée par la Caisse des dépôts, qui s’en sert entre autres pour prêter aux organismes d’HLM à des taux d’intérêt d’autant plus bas que l’épargne est faiblement rémunérée. En réalité, les banques sont les premières bénéficiaires de ce système, pas seulement à cause des commissions qu’elles prélèvent en invoquant des frais de collecte, mais aussi parce que près de la moitié de l’argent déposé sur les livrets reste à leur disposition, à un taux d’intérêt défiant toute concurrence. Quant à la part centralisée par la Caisse des dépôts, elle ne bénéficie que très partiellement aux organismes d’HLM, l’essentiel allant à des prêts avantageux au patronat. Et ce que la Caisse des dépôts ne prête pas, elle le verse au budget de l’État.

Selon un calcul détaillé du journal Médiapart sur les conséquences du gel du taux d’intérêt du livret A et aussi du livret d’épargne populaire, des plans d’épargne logement, etc., les banques y gagneront plus de 1,7 milliard, le budget de l’État 202 millions et les organismes d’HLM 390 millions d’euros.

Cette dernière somme ne représente qu’un allègement minime du fardeau de 157 milliards d’euros de dettes accumulées par les organismes d’HLM, du fait de la quasi-disparition des sommes qui leur sont versées par le budget de l’État.

Les locataires continueront donc d’avoir à résister à de nouvelles augmentations de loyer destinées au service de la dette, c’est-à-dire souvent, là encore, au bénéfice des banques.

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