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Leur société
Levothyrox : les industriels font la loi
Le Levothyrox est un médicament prescrit à trois millions de personnes en France qui souffrent de problèmes de thyroïde. En mars 2017, le laboratoire Merck-Serono a modifié la formule du produit sans toucher au principe actif, la lévothyroxine, mais en remplaçant un excipient.
Cette substance associée au principe actif, le lactose, a été remplacée par le mannitol. Depuis ce changement plus de 9 000 patients ont signalé des effets secondaires importants, crampes, maux de tête, vertiges, des pertes de cheveux ou encore une très grande fatigue.
Ce n’est pas la première fois que des effets secondaires ont été relevés avec le Levothyrox, notamment il y a quelques années avec la mise sur le marché de médicaments génériques dont les excipients étaient déjà différents. Les autorités de santé avaient alors décidé que les pharmaciens n’étaient pas obligés de proposer le générique moins cher, mais pouvaient continuer à délivrer le Levothyrox du laboratoire Merck-Serono mieux toléré.
Le laboratoire Merck-Serono estime, lui, que « pour la très grande majorité des trois millions de patients traités par Levothyrox, la transition entre l’ancienne et la nouvelle formule s’est bien effectuée » et minimise le problème en parlant de « quelques centaines de cas » et de « symptômes rapportés identiques à ceux de l’ancienne formule ». De plus le laboratoire annonce qu’il ne reviendra pas à l’ancienne formule, car si la France est le premier pays où elle a été lancée, dès 2018 elle sera proposée dans les autres pays européens. Il n’est donc pas question de revenir sur ces choix industriels malgré les problèmes de tolérance rapportés en France.
Devant les protestations des malades, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le 15 septembre avoir obtenu du laboratoire Merck-Serono que l’ancienne formule soit disponible de nouveau dans une quinzaine de jours. Dans les faits le laboratoire va proposer des médicaments pris sur les stocks des pays voisins, mais on ne pourra pas disposer de tous les dosages et les notices ne seront pas forcément en français... Enfin la ministre annonce que dans un mois d’autres laboratoires pourraient proposer l’ancienne formule mieux tolérée, mais rien n’est moins sûr.
Dans ce domaine comme dans bien d’autres les patrons font la loi... et les intérêts des malades ne sont pas forcément l’élément essentiel de leurs choix.