Renault Trucks – Vénissieux : amiante, une reconnaissance tardive et incomplète29/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2500.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Trucks – Vénissieux : amiante, une reconnaissance tardive et incomplète

Le site de Vénissieux devrait finalement bénéficier du classement amiante, après quinze ans d’attente. La direction, qui y était opposée et qui a bénéficié du soutien des gouvernements qui se sont succédé durant toute cette période, a épuisé tous les recours juridiques dont elle disposait, après le rejet de son pourvoi par le Conseil d’État. Il reste encore à attendre la publication au Journal officiel d’un décret ajoutant l’usine sur la liste des établissements classés amiante.

À la Fonderie, à la Forge, dans les services de maintenance, dans bien d’autres secteurs, l’amiante a été couramment utilisé pendant des années. Certains salariés en sont tombés malades et en sont décédés. Mais la direction n’a jamais voulu le reconnaître.

Pendant toutes ces années, des salariés qui avaient travaillé dans des secteurs utilisant de l’amiante, atteints eux-mêmes par la maladie ou voyant des camarades de travail décéder, se sont battus pour cette reconnaissance. Certaines organisations syndicales, avec la mutuelle de l’entreprise, ont créé une association, l’APER (Association prévenir et réparer).

L’APER a organisé le 20 juin plusieurs réunions d’information : plusieurs centaines de salariés, des ateliers et des bureaux, mais aussi retraités, y ont participé.

Cette reconnaissance, bien tardive du fait des manœuvres de la direction, permettra à certains de partir en préretraite. Une faible compensation, face au risque de développer une maladie liée à l’amiante. Car les dangers de l’amiante étaient connus depuis le début du 20e siècle. Ce qui n’a pas empêché le patronat, dont les dirigeants de Berliet puis de RVI, d’exposer sciemment les travailleurs à ce risque, mettant leur vie en jeu.

Aujourd’hui, si cette reconnaissance est ressentie par les salariés comme une victoire sur la direction, cette victoire est loin d’être complète. Une partie des usines du site, dont celle qui fabrique les ponts, est exclue de ce classement. Et pourtant les travailleurs y ont avalé de l’amiante lorsqu’ils usinaient des freins qui en contenaient. Mais la loi est ainsi faite que les patrons ont toujours fait pression sur les gouvernements pour exclure cette activité de la possibilité de bénéficier d’une préretraite. Il y aurait eu sur l’ensemble du pays trop de monde à indemniser. Une injustice supplémentaire.

La direction avance le chiffre de 200 salariés qui pourraient quitter l’entreprise en préretraite d’ici la fin de l’année, et 600 en tout qui pourraient en bénéficier dans les dix ou quinze prochaines années. Il faudra donc aussi se battre pour imposer à la direction des embauches pour chaque départ.

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