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Brésil : La forêt amazonienne rongée par le capitalisme
En mai 2012, le gouvernement de Dilma Rousseff a promulgué en sa faveur un nouveau Code forestier qui, en plus de réduire les zones protégées au bord des cours d'eau et au sommet des collines et de dispenser de reboisement les plus petites exploitations, amnistiait la plupart des délits commis contre la forêt avant 2008. Ce code a été interprété par les grands propriétaires amazoniens comme une promesse d'impunité. À juste titre.
Les grandes exploitations ne rongent pas seulement l'Amazonie. Elles s'attaquent aussi à la zone du cerrado, une savane tropicale bien arrosée qui s'étend sur 2 millions de kilomètres carrés au sud de l'Amazonie. Elle aussi se prête à l'élevage et à la culture du soja, et sa mise en exploitation ne nécessite pas de coûteux abattages. L'exploitation progressive du cerrado n'entre pas dans le calcul de la déforestation en Amazonie et c'est sans doute l'explication d'une baisse qui est purement statistique.
Le gouvernement central et les gouvernements d'État ont par ailleurs réduit les zones totalement protégées, en particulier en modifiant les limites des territoires indigènes. Les 900 000 Indiens vivant au Brésil sont théoriquement protégés mais, quand ils tentent de faire respecter leurs droits, ils doivent affronter les autorités et la police. Les forêts publiques sont de plus en plus vendues et privatisées, ce qui à chaque fois se traduit par l'expulsion des petits cultivateurs sans titre de propriété, les posseiros. Ainsi l'État de l'Amapá voudrait vendre la moitié de ses forêts, un million et demi d'hectares.
Les fleuves d'Amazonie charrient une bonne partie de l'eau douce du globe et offrent des ressources immenses d'énergie hydroélectrique. Mais les chantiers des barrages géants de Belo Monte ou de Tapajos détruisent des milliers d'hectares et aboutiront à inonder de vastes étendues de forêt. Il faut ajouter à ces prédateurs de la forêt les exploitants de bois précieux ainsi que le secteur dit de l'économie verte, qui rentabilise la forêt en brevetant plantes et fruits au profit de l'industrie alimentaire ou pharmaceutique. Cette « bio-piraterie » s'abrite souvent derrière des organisations non gouvernementales qui se proclament écologistes.
C'est le capital sous toutes ses formes et de tous pays qui détruit la forêt amazonienne. Il bénéficie de l'appui du gouvernement brésilien, malgré ses protestations hypocrites.