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Dans les entreprises
SNCM, Marseille : Grève contre les dérives de la privatisation
Ces syndicats avaient aussi appelé à adopter un plan du directeur associé à un pacte dit « social » comportant 515 suppressions d'emplois dont 415 en 2014. Livrés à un véritable chantage, les travailleurs de la compagnie n'avaient le choix qu'entre le dépôt de bilan et ce plan social, ce qui explique que, lors du référendum du jeudi 19 décembre, le « oui » ait obtenu 59 %, pour 72 % de participation au vote. En effet, marins comme sédentaires, en tout 2 400 personnes, craignent le dépôt de bilan.
Si, depuis cette acceptation, les travailleurs de la SNCM se sont mis en grève, c'est que ce plan lui-même semble bien remis en cause.
De réunions aux ministères en discussions et courriers divers, rien n'est plus sûr, ni l'achat prévu de quatre navires naviguant au gaz (moins coûteux que le fuel), ni le nombre de suppressions d'emplois. Le soupçon persiste qu'un projet consisterait à supprimer la SNCM et à créer une compagnie européenne, à moins que le tout ne soit repris par une société norvégienne sise aux îles Caïmans.
C'est pourquoi les travailleurs de la SNCM aimeraient naviguer sur des flots moins troubles.
Depuis la privatisation de la compagnie en 2006, l'imbroglio est inextricable entre actionnaires et instances publiques, la préoccupation des actionnaires n'ayant aucun rapport avec le fait d'assurer de façon fréquente la liaison entre la Corse et le continent.
La compagnie avait été privatisée en 2006, 25 % des parts demeurant à l'État, 9 % étant attribuées au personnel, le reste réparti entre Veolia-Environnement et le fonds d'investissement Butler Capital Partners. Depuis, ce dernier s'est retiré en empochant une plus-value évaluée à 79 millions d'euros. Veolia, pour sa part, associé à la Caisse des dépôts et consignations dans Transdev, détient les 66 % restants.
Aux dernières nouvelles, Transdev, fin décembre, décidait de prêter à la compagnie les 13 millions qui lui manquaient pour assurer la soudure avec la prochaine saison estivale.
Certes, le Premier ministre a promis le 31 décembre une somme de 30 millions d'euros mais cela ne résout pas les problèmes de la pérennité de la compagnie, de son statut, ni du statut des navigants. Les syndicats ont donc maintenu les appels à la grève reconduite chaque matin en assemblée générale. Ils posent quatre revendications liminaires : « L'application du pavillon français 1er registre sur les lignes nationales (c'est-à-dire l'embauche de marins français sur les lignes de cabotage), la commande de quatre nouveaux navires dont deux immédiatement afin qu'ils puissent être livrés en temps et en heure, le respect du plan industriel dans toutes ses lignes et le lancement d'une enquête fiscale sur Corsica Ferries. » La compagnie concurrente privée est en effet soupçonnée de bénéficier de subsides de l'État sans verser les taxes qu'elle doit.
Quoi qu'il en soit, il apparaît clairement que la privatisation de la compagnie aboutit – une enquête parlementaire elle-même vient de l'exposer – à un immense gâchis. Dans cet imbroglio où une chatte ne retrouverait pas ses chatons, ce qui est clair c'est le projet de suppression d'emplois présenté comme la seule solution pour améliorer les comptes de l'entreprise. Dans toutes ses combinaisons, ce qui prime n'est ni la nécessaire liaison maritime entre la Corse et le continent, ni la pérennité des emplois des employés de la compagnie, puisque tout cela doit aboutir à 515 suppressions d'emplois.
On ne peut que se sentir solidaires avec les 80 % de marins qui poursuivent leur grève.