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Grèce : Aux capitalistes de payer la dette !
La grève générale du 15 juin en Grèce a été massive, la presse ayant annoncé 40 000 manifestants à Athènes et des milliers d'autres dans les grandes villes du pays. D'après les syndicats, il y a eu 80 à 100 % de grévistes dans l'administration et dans les entreprises publiques.
Les mouvements de grève vont se poursuivre, en particulier dans ces entreprises promises à une privatisation partielle ou totale. Les travailleurs de la compagnie d'électricité DEI ont commencé lundi 20 juin une grève de 48 heures reconductibles. De leur côté, les « indignés » continuent à se rassembler sur la place Syndagma, devant le Parlement où le Premier ministre socialiste Papandréou et son gouvernement remanié après avoir obtenu la confiance des députés, devraient faire voter le plan d'austérité réclamé par l'Union européenne et le FMI. En échange de quoi ils obtiendront le versement de la dernière tranche des 110 milliards de financement promis en mai 2010 et les milliards d'un plan supplémentaire qui enfoncera un peu plus la population dans la misère.
On a du mal à imaginer comment la population grecque pourrait supporter ces nouvelles mesures. Dès à présent, le chômage a atteint officiellement 16 %, presque 20 % chez les femmes et 30 % chez les jeunes - mais sans doute plus près de 40 %. On estime la ponction sur les salaires à 20 %. Les jeunes qu'on disait en 2008 « à 700 euros » ont maintenant un salaire minimum spécifique autour de 590 euros. Encore est-ce théorique, puisque les rares emplois qu'ils trouvent, dans la restauration ou même l'enseignement privé, sont à temps partiel ou non déclarés, ou les deux.
Le prochain plan prévoit 150 000 suppressions d'emplois dans la fonction publique. Faute d'alimenter les caisses de l'État avec les impôts des riches, particuliers et groupes capitalistes, le gouvernement fera payer les pauvres par une rafale d'augmentations d'impôts indirects. Finie la TVA à 6,5 % : elle passerait à 13 % pour les médicaments et les journaux par exemple, à 23 % pour les produits alimentaires et les tarifs des services publics. Cela signifierait une baisse supplémentaires du niveau de vie de 9 à 11 %. Le plan prévoit le doublement de la taxe sur le fuel de chauffage, la réduction de certaines retraites complémentaires, des attaques contre les indemnités de chômage
Enfin, des privatisations d'entreprises publiques sont censées renflouer le budget de l'État : les télécoms, l'électricité, le gaz, l'eau d'Athènes et de Thessalonique, la Poste, les ports, les aéroports... Si ces entreprises sont rentables, les grands groupes les veulent au meilleur prix. EDF lorgne sur le gisement de gaz sous-marin de Kavala, Veolia s'intéresse à l'eau d'Athènes, Deutsche Telecom à l'OTE (télécoms), etc. Quant à celles qui ne sont pas rentables, elles sont priées, comme Trainose, la société des chemins de fer, de dégraisser d'abord les effectifs afin de devenir présentables.
Au jour le jour, la population grecque, les travailleurs survivent comme ils peuvent : on estime à 40 % ceux qui ne paient plus leurs factures d'électricité ; beaucoup ne paient plus les transports, les péages d'autoroutes. Mais plus les plans s'accumulent, plus la misère s'accroît, plus la consommation diminue, moins les impôts rentrent, plus la situation économique devient catastrophique.
Depuis des mois les syndicats multiplient les grèves, le plus souvent par secteur, moins souvent par journées nationales. Le mouvement des indignés a redonné de l'élan à la mobilisation en témoignant de la volonté de toute une population de jeunes, de retraités, de travailleurs, de chômeurs, de refuser de payer pour une crise créée par la rapacité des banquiers et des spéculateurs. Mais on ne pourra enrayer la catastrophe sans aller prendre l'argent où il est, dans les coffres des banques grecques et étrangères, dans ceux des armateurs et des groupes industriels grecs, des champions de l'évasion fiscale et de la spéculation, qui ont construit leur fortune sur l'exploitation des travailleurs et qui s'acharnent maintenant à les réduire à la misère. À ceux-là de payer la dette sur leurs propres deniers ! La priorité, c'est que la population puisse survivre dignement, avec un revenu décent, des salaires entiers et des services publics dignes de ce nom.