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Industrie du ferroviaire : Patriotisme industriel au PCF
Le 16 juin, Alain Bocquet, député-maire PCF de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), accompagné du député UMP Paternotte, a remis au président de l'Assemblée nationale, l'UMP Accoyer, un rapport d'une commission d'enquête sur l'industrie du ferroviaire intitulé « Rouvrir la voie : une industrie pour la France, un atout pour l'Europe ».
Depuis six mois, Alain Bocquet aurait rencontré le PDG de la SNCF, de RFF (Réseau ferré de France), ceux d'Alstom, de Bombardier et d'entreprises sous-traitantes, des élus et des syndicalistes. En France, l'industrie du ferroviaire compterait mille entreprises avec 20 000 salariés, dont la moitié travaillent dans la région Nord.
Ce rapport fait d'abord quelques constats. 85 % des transports de pièces et de produits finis se font par la route. Et Alain Bocquet de déclarer : « On ne marche pas sur la tête, on roule sur le toit. » Il dénonce la casse du fret ferroviaire organisée par la SNCF, qui ne le trouve pas assez rentable et qui l'abandonne. Il s'inquiète des difficultés des entreprises sous-traitantes, qui subissent les délocalisations de production vers la Pologne et la Tchéquie organisées par les grandes entreprises, Alstom et Bombardier, pour réduire toujours plus les coûts de production. Et il précise que l'industrie ferroviaire n'échappe pas à la financiarisation de l'économie.
Mais Alain Bocquet prône « le patriotisme industriel français et... européen » et estime que « l'avenir industriel préoccupe tous les députés », et il se réjouit de cette « unité nationale » pourtant pleine d'hypocrisie...
Le rapport propose 25 recommandations pour assurer « un avenir à l'industrie ferroviaire européenne, face à la concurrence chinoise ». Sa grande idée, c'est la création d'un géant européen du ferroviaire, un « Airbus du rail », autour d'Alstom (France), Siemens (Allemagne) et Bombardier (Canada). Il veut favoriser la coopération entre les entreprises du secteur et donner à celles de la sous-traitance des perspectives d'investissement à cinq ans. Il encourage la SNCF à s'engager à nouveau dans le fret ferroviaire. Il sollicite l'État et les collectivités territoriales pour augmenter les financements et les commandes publiques. Il préconise un fonds de modernisation des équipementiers avec des subventions publiques et privées. Pour relancer l'achat de nouveaux wagons de transport et de locomotives, le rapport est favorable à une « prime à la casse », comme dans l'automobile, afin que les sociétés de transport de fret remplacent leur vieux matériel.
Les rapporteurs et Alain Bocquet voudraient donc que l'argent public vienne à la rescousse pour inciter les entreprises à rester sur place. Mais ils oublient qu'elles ne sont pas sur la paille. La division Alstom Transport a réalisé 71 millions d'euros de bénéfice net en 2010, en hausse de 32 % par rapport à 2009. Pour la même année, le groupe Bombardier a réalisé un bénéfice de 769 millions de dollars, en hausse de 8 %...
Les actionnaires du secteur ferroviaire sont prêts à accepter tout l'argent public qu'on leur distribuera, mais cela ne donnerait aucune garantie aux travailleurs, d'autant qu'Alain Bocquet ne propose aucune mesure de contrôle sur les décisions de ces patrons. Or ceux-ci se moquent bien des conseils de gestion des députés de tout bord, et en particulier des députés communistes. Les travailleurs ne seront donc pas à l'abri des restructurations, des suppressions d'emplois, de la précarité et des bas salaires
Récemment, Alain Bocquet déclarait : « Le communisme, c'est la seule idée neuve », ce qui n'est pas le cas de son rapport, qui défend les vieilles recettes de soutien au Capital !