Tunisie : Le procès du clan Ben Ali... sans Ben Ali22/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2238.gif.445x577_q85_box-0%2C19%2C233%2C321_crop_detail.png

Dans le monde

Tunisie : Le procès du clan Ben Ali... sans Ben Ali

Le 20 juin a débuté à Tunis le procès du dictateur Ben Ali et de son épouse, Leïla Trabelsi. Le Tribunal de première instance a condamné les accusés à 35 années de prison chacun et à une amende de 91 millions de dinars (46 millions d'euros).

Ce premier procès portait sur les énormes sommes d'argent et les amas de bijoux volés découverts dans leur palais de Sidi Bou Saïd. Les avocats du couple prétendent évidemment que les bijoux proviennent de cadeaux officiels à l'ex-président et à son épouse et que les paquets de billets résultent d'une mise en scène.

Le 30 juin sera rendu un second verdict, portant cette fois sur la découverte de drogue et d'armes dans le palais présidentiel de Carthage.

La condamnation a été rendue par contumace, Ben Ali et Leïla Trabelsi bénéficiant en ce moment de la protection du régime saoudien, qu'aucun traité d'extradition ne lie à la Tunisie.

D'autres procès devraient traiter des « biens mal acquis », la fortune d'environ 3,7 milliards d'euros détournés par les deux clans qui étaient au pouvoir, les biens personnels de Ben Ali, se montant à cinq milliards de dollars, le tout représentant un quart du produit intérieur brut du pays. D'autres chefs d'accusation, entre autres homicide avec préméditation et soumission d'individus à la torture, font suite aux 300 manifestants tués par les forces de police ou les bandes armées au service du régime de Ben Ali, et à la torture institutionnalisée dans les commissariats et les sous-sols du ministère de l'Intérieur. L'ancien dictateur risquerait là la peine capitale, s'il n'était protégé par une autre dictature, la monarchie de Riyad.

Des manifestants présents devant le tribunal pouvaient à juste titre dénoncer la « parodie de justice » liée à l'absence des accusés et d'une grande partie de leur famille. Vingt-trois ans de dictature, d'écrasement de toute opposition, de toute contestation, ne peuvent se résumer en quelques jours de procès. D'autres coupables ne figureront pas, eux non plus, sur les bancs des accusés, complices des pillages, donc complices de la dictature qui rendait ces derniers possibles, durables et rentables : les régimes européens qui ont soutenu pendant tout ce temps, parfois jusqu'à l'ultime seconde, « leur ami » Ben Ali.

Et puis surtout, par un procès rapide, les nouveaux responsables de la Tunisie cherchent évidemment à se blanchir et à se laver de tout soupçon de continuité avec la dictature de Ben Ali, alors que les principaux rouages de celle-ci restent en place. Il n'est pas sûr que la population tunisienne leur permette de s'en sortir à si bon compte.

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