Logement social : La construction toujours en panne22/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2238.gif.445x577_q85_box-0%2C19%2C233%2C321_crop_detail.png

Leur société

Logement social : La construction toujours en panne

Le bilan de la construction de logements sociaux a fait au moins un heureux : le secrétaire d'État au Logement, Benoist Apparu. Selon lui, pour la construction sociale, l'année 2010 a marqué un mieux sur l'ensemble du territoire et a même été exceptionnelle en Ile-de-France, avec les objectifs de la loi de Solidarité et renouvellement urbain (loi SRU) pleinement remplis.

De son côté, la Fondation Abbé-Pierre publie un bilan beaucoup moins glorieux, mais plus exact, de la réalité. Il faut rappeler que la loi SRU date de décembre 2000 et fixe à 20 % le nombre minimum de logements sociaux pour les communes de plus de 3 500 habitants (1 500 en Île-de-France) inclues dans une agglomération d'au moins 50 000 habitants. L'étude de la Fondation porte sur la période 2002-2009 pour 682 communes concernées. La moitié n'ont pas respecté l'objectif de rattrapage et neuf n'ont tout simplement financé aucun logement social. Parmi les villes de plus de 50 000 habitants déficitaires en logement social, on trouve toujours Saint-Maur-des-Fossés et Neuilly en région parisienne, ainsi que Hyères, Toulon et Nice sur la Côte d'Azur.

Apparu n'exclut pas les sanctions contre les communes les plus récalcitrantes, mais dans les faits nombre d'entre elles échappent aux pénalités. Sur les 400 villes épinglées par la Fondation en 2008, seulement 240 avaient finalement payé... des indemnités surtout symboliques. D'autres municipalités se mettent apparemment en règle avec la loi, mais avec une bonne dose d'hypocrisie : une grande majorité des logements « sociaux » construits sont en fait des logements dits « intermédiaires », pour lesquels l'appellation sociale est abusive, car les loyers sont inaccessibles aux familles les plus démunies. Quoi qu'en dise Apparu, la file d'attente pour les 1,2 million de demandeurs de logements sociaux n'est pas près de se résorber.

La loi SRU, votée à l'initiative du gouvernement Jospin, a été un leurre bien plus qu'une véritable réponse aux besoins criants de logements des milieux populaires. Jusqu'à présent, elle n'a pas été remise en cause par la droite, sans doute parce qu'elle permet de dédouaner les gouvernements, alors qu'ils se désengagent du financement de la construction de logements populaires, et de renvoyer la responsabilité du mal-logement sur les communes.

Quant aux municipalités, le plus souvent de gauche, qui réalisent des logements aux loyers pas trop élevés, elles doivent prendre de plus en plus sur leur budget pour boucler les financements. Elles doivent alors en passer par les prix que leur fixent les requins de l'immobilier et leurs sous-traitants, soucieux avant tout de réaliser des profits. Pourtant l'État, lui, aurait les moyens d'embaucher directement les architectes, les maçons et tous les métiers requis pour la construction de logements ; mais l'intérêt de la population n'est pas sa priorité.

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