- Accueil
- Lutte ouvrière n°2238
- Grèce : Nouveau plan d'aide - Les États européens au secours des banques
Dans le monde
Grèce : Nouveau plan d'aide - Les États européens au secours des banques
L'État grec est à nouveau au bord de la faillite. Le plan d'aide de 110 milliards d'euros décidé en mai 2010 par l'Europe et le FMI - sous forme de prêts à 5 %, alors que les États prêteurs, eux, se financent sur les marchés à 3,5 ou 4 % - non seulement ne lui a pas permis d'améliorer sa situation, mais il l'a même aggravée.
Les mesures d'austérité draconiennes imposées à la population et qui en étaient la contrepartie ne pouvaient que faire s'enfoncer un peu plus l'économie grecque dans la crise et affaiblir les finances de l'État.
L'endettement du pays a continué à s'envoler et a atteint 350 milliards d'euros en 2011, soit 158 % du PIB. Et le pays est plus que jamais sous l'emprise des banques et des spéculateurs. Le taux d'intérêt exigé par « les marchés » pour acheter des obligations grecques à deux ans dépassait, il y a quelques jours, 27 %. Il est donc impossible pour l'État grec de se financer à ce niveau sur les marchés financiers. Il se trouve à nouveau au bord du gouffre, incapable de faire face à ses obligations financières, autrement dit de rembourser ses créanciers, banques et fonds d'investissement. D'où la nécessité d'un nouveau plan d'aide - c'est-à-dire de nouveaux prêts - pour reculer le spectre d'une faillite et lui permettre de continuer à les rembourser... jusqu'au prochain plan,.
Réunis les 19, 20 et 21 juin à Luxembourg pour discuter de ce nouveau plan d'aide, les ministres des Finances européens n'ont pas réussi à se mettre d'accord. S'ils étaient unanimes pour en reconnaître la nécessité, ils se sont divisés sur ses modalités. Face à Angela Merkel qui a exprimé le souhait de faire participer - bien timidement - les créanciers privés de l'État grec à ce nouveau plan de sauvetage, et de faire en sorte que les banques desserrent simplement un peu l'étau qui étrangle le pays, Sarkozy et Trichet, président de la Banque centrale européenne, se sont opposés à tout aménagement de la dette, et spécialement à toute participation des créanciers privés, « qui serait considérée par les marchés financiers comme un défaut de paiement de facto ». Selon eux, cela risquerait de déchaîner la spéculation non seulement contre la Grèce mais, dans la foulée, contre le Portugal, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie, voire la France.
En fait, il s'agit seulement de tenter de convaincre les « marchés financiers » qui, comme l'explique un diplomate cité par Les Échos, « flairent le sang », que les États européens ne laisseront pas l'État Grec - et ses banques créancières - faire faillite. Mais lesdits « marchés financiers » ont déjà commencé à faire monter les enchères, en faisant s'envoler les taux d'intérêt exigés du Portugal, de l'Irlande et de l'Espagne.
Et deux agences de notation, Standard & Poor's et Moody's, viennent de dégrader la note de la Grèce, en arguant du risque accru de défaut, c'est-à-dire de faillite. Moody's a aussi évoqué la possibilité de diminuer la note de l'Italie. Chacune de ces décisions représente des milliards gagnés par les spéculateurs qui, lentement mais sûrement, étranglent de plus en plus l'économie de pays entiers.