Bombardements sur Gaza : Les criminels et leurs complices30/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2109.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Bombardements sur Gaza : Les criminels et leurs complices

Disproportionnée : c'est le terme employé par les hommes politiques occidentaux, la plupart des commentateurs, pour qualifier l'offensive aérienne lancée samedi par Israël contre le territoire de Gaza, et qui a déjà fait des centaines de morts, qui n'étaient évidemment pas tous des militants du Hamas, à commencer par les enfants. Mais se réfugier derrière la « disproportion » entre les quelques victimes israéliennes des tirs de roquettes palestiniennes et le massacre en cours à Gaza est pour ces gens-là une manière hypocrite de ne pas condamner sur le fond la politique de l'État israélien.

Depuis deux ans, la bande de Gaza, ce territoire de 360 kilomètres carrés où s'entassent près d'un million et demi d'habitants, est soumise par Israël à un blocus qui empêche les vivres, les médicaments et le matériel médical, comme tout ce qui est nécessaire au fonctionnement de l'économie, de parvenir autrement qu'en quantités dérisoires. Nul ne peut dire de combien de morts ce blocus était déjà responsable.

Les dirigeants du Hamas exercent certes une véritable dictature dans la bande de Gaza, où ils ont éliminé les autres mouvements palestiniens. Mais si ils y ont remporté les élections de 2006, qui a poussé une grande partie de la population palestinienne dans leurs bras, sinon la politique des gouvernements qui se sont succédé en Israël depuis la signature des accords d'Oslo de 1993 ? Car si ces accords prévoyaient la naissance d'un État palestinien dans les Territoires occupés par Israël depuis 1967, après une période d'autonomie de cinq ans, la réalité a été bien différente. Les Palestiniens ont eu droit à la multiplication des colonies israéliennes dans les « Territoires occupés », à des expropriations forcées de cultivateurs, à des entraves à la circulation de plus en plus nombreuses, à des vexations de toutes sortes.

Les États-Unis, la France, l'Union européenne, l'ONU se disent en paroles pour la reprise du « processus de paix ». Mais ni les uns ni les autres n'ont condamné franchement la politique israélienne, encore moins fait quoi que ce soit pour contraindre Israël à la modifier.

C'est qu'en fait Israël est leur meilleur allié dans cette partie du monde. Oh, il ne manque pas de gouvernements arabes qui entretiennent les meilleures relations avec les puissances occidentales. Mais ce sont des alliés moins sûrs, parce que les peuples qu'ils gouvernent n'ont aucune raison de porter les États-Unis et leurs alliés dans leur coeur. Alors que l'État d'Israël, qui depuis longtemps a choisi de s'appuyer sur l'aide des puissances occidentales plutôt que de tendre la main au peuple arabe, leur apparaît comme le gendarme idéal. C'est une vieille politique. Déjà en 1956, après que Nasser avait nationalisé le canal de Suez, la France avait obtenu du gouvernement israélien qu'il attaque l'Égypte.

Mais en menant cette politique-là, les dirigeants israéliens ont pris leur propre population en otage, car si Gaza est un ghetto, le territoire israélien que ses gouvernants ont entrepris d'enserrer dans un gigantesque mur en est un autre.

L'hypocrisie des grandes puissances qui comptent sur Israël pour maintenir l'ordre impérialiste dans la région pourrait bien se retourner contre elles. Les nombreuses manifestations populaires qui s'y sont déroulées depuis le début des bombardements sur Gaza, y compris dans des pays où les gouvernements s'alignent de fait sur les puissances occidentales et Israël, en témoignent. Et ce ne sont évidemment pas les attaques terrestres, que les concentrations de chars israéliens aux frontières de Gaza semblent annoncer, qui diminueront la haine suscitée par cette répression.

Les travailleurs de ce pays ne peuvent être en tout cas que solidaires de tous ceux qui manifestent pour que soit mis fin à la répression sauvage qui frappe la population de Gaza.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 29 décembre 2008

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