Pirates au large de la Somalie : Combien vaut la vie d'un marin ?30/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2109.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pirates au large de la Somalie : Combien vaut la vie d'un marin ?

Les attaques de pirates contre des bateaux de commerce entrant ou sortant de la mer Rouge continuent. Actuellement 19 navires et 400 marins seraient retenus par les pirates en attente du versement d'une rançon.

La piraterie dans cette région n'est pas une chose nouvelle, cependant, jusque-là, les pirates n'avaient pas les moyens de s'en prendre aux grands navires modernes, trop hauts sur l'eau, trop rapides, passant trop loin des côtes. Leurs proies favorites étaient les vieux cargos affrétés par les organisations humanitaires pour convoyer des vivres.

Mais les pirates ont amélioré leur technique et leurs matériels. Ils s'aventurent désormais en haute mer et ont réussi à arraisonner un pétrolier et un cargo contenant trente chars d'assaut. Ils ont même attaqué plusieurs porte-conteneurs, sans toutefois réussir à les prendre. Les grands armateurs ont donc demandé de l'aide et ils ont été plus vite entendus que les organisations humanitaires.

Aussi depuis plusieurs mois les marines française, américaine, indienne, russe et chinoise ont envoyé des bâtiments dans la zone. L'ONU a même autorisé, depuis le mois de décembre, les soldats à intervenir en Somalie, pays où sont basés les pirates. Mais tout cela est assez inefficace.

Les militaires ont donc proposé aux armateurs de naviguer en convois, surveillés par des navires de guerre, depuis les abords du golfe d'Aden jusqu'au canal de Suez. Mais ces derniers ont refusé, car un convoi doit forcément aller à l'allure des plus lents, ce que les grandes compagnies armant des bateaux modernes et rapides refusent. Cela leur ferait perdre du temps et donc de l'argent.

À plus forte raison, ils refusent de changer de route. Car pour aller de l'Asie à l'Europe, les navires pourraient après tout faire le tour de l'Afrique. Mais ils auraient alors plusieurs milliers de milles de route en plus, plus de carburant à dépenser, plus de salaires à payer, plus de temps à passer en mer.

Alors, pour l'instant, les armateurs préfèrent risquer leurs navires et la vie des marins. À peine certains ont-ils institué une « prime de risque » pour les jours de passage dans les zones dangereuses. Et ils comptent eux-mêmes sur les assurances si un de leur navire est pris.

Il s'agit de calculer les risques, de faire la balance entre la probabilité d'un acte de piraterie, le surcoût de la prime d'assurance, le coût du contournement de l'Afrique, le prix du combustible etc. Un calcul dans lequel le risque encouru par les équipages est bien ce qui compte le moins.

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