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Dans les entreprises
SNCF : Pendant les négociations, Les grévistes ne doivent pas relâcher la pression !
Mardi 21 novembre, la grève tenait bon à la SNCF même si l'ambiance parmi les grévistes variait selon les secteurs et selon l'attitude des militants syndicaux. À Paris Austerlitz, à Paris Montparnasse, à Nantes, à Chambéry, à Lyon (Oullins, Sibelin, etc.), la grève était reconduite.
Il faut se souvenir qu'à la veille même du premier jour de grève, le 13 novembre, Bernard Thibault annonçait que la CGT était prête à négocier entreprise par entreprise, dans le cadre de la réforme projetée par le gouvernement, c'est-à-dire dans le cadre de la suppression pure et simple des régimes spéciaux. Cependant, dès le 16 novembre, devant l'importance de la grève et la détermination des grévistes, nombreux à venir aux assemblées générales, la fédération cheminots CGT, sans revenir sur le fond de sa politique, changeait d'attitude : partout, ses responsables appelaient à la reconduite de la grève, ce qui répondait aux sentiments des travailleurs comme de bon nombre de militants et syndiqués CGT grévistes.
De son côté, le gouvernement, par la voix du ministre Xavier Bertrand, baissait le ton devant la fermeté des grévistes. Il n'était plus question d'attendre pour négocier que la grève soit terminée ou même qu'un mouvement de reprise, appelé par les directions syndicales, soit amorcé ainsi qu'il l'avait réclamé le 15 novembre au soir. Dès le 16, il acceptait le principe d'une rencontre avec les directions syndicales en présence de la présidente de la SNCF, Idrac, et deux jours plus tard, la date du 21 novembre était arrêtée.
Les cheminots retenaient de tout cela que c'était leur grève qui avait permis aux fédérations syndicales d'amener gouvernement et direction SNCF à accepter de discuter. Restait à savoir sur quoi. Car le gouvernement répète qu'il n'est pas question de revenir sur le fond de la réforme et la liquidation du système de retraite des cheminots alors que les grévistes, même s'ils savent qu'il sera très difficile de faire remballer l'intégralité de son projet au gouvernement, tiennent à conserver l'essentiel du contenu de leur système de retraite. Cela s'est senti lors de nombreuses assemblées de grévistes.
Malgré cela, les responsables syndicaux revenaient à la charge à plusieurs reprises pour faire voter aux grévistes une motion émanant des principales fédérations, particulièrement et volontairement ambiguë sur le fond de la réforme des retraites. Très souvent sans aucun succès, les grévistes rejetant le texte en bloc, voire proposant des contre-motions réaffirmant leur opposition à la réforme.
De nouveau, le matin du 20 novembre, le jour même où les grévistes des transports devaient être rejoints par ceux de la Fonction publique, les fédérations syndicales CGT, CFTC, UNSA (autonomes) et CFE/CGC proposaient aux assemblées générales d'approuver un texte rédigé dans la soirée du 19 novembre précisant l'ordre du jour des discussions avec gouvernement et direction. Les grévistes pouvaient lire entre autres qu'était prévu " l'examen des propositions concrètes des organisations syndicales et de la direction permettant d'améliorer, dans le respect des principes d'harmonisation, la situation et les droits des cheminots ". En fait " d'améliorer ", c'était dire clairement que les syndicats acceptaient " l'harmonisation " de tous les régimes de retraite et tirait un trait sur celui des cheminots, avant même que la première parole de négociation soit échangée avec le gouvernement et la direction !
Ce texte a déclenché un tollé parmi les grévistes qui en ont eu connaissance, y compris parmi les syndiqués, et en particulier à l'intérieur de la CGT. Les grévistes restent fermes sur leur refus de la suppression des régimes spéciaux, leur volonté que soit maintenu le calcul du taux plein sur la base de 37,5 annuités, l'indexation des pensions sur les salaires, l'âge de départ à la retraite à 50 ans pour les roulants (agents de conduite et contrôleurs) et 55 ans pour tous les autres et le refus des décotes sur les pensions en cas de départ avant l'âge.
Aujourd'hui, nombreux sont les travailleurs conscients que, pour que les négociations se déroulent dans des conditions qui leur soient favorables, il est nécessaire, indispensable, qu'elles se déroulent sous la pression et le contrôle des assemblées générales des grévistes. Depuis la reprise de la grève, le 14 novembre, les grévistes qui défendent leurs retraites ont gagné des positions face au gouvernement et à la direction. Et contrairement à l'attitude des directions syndicales qui semblent décidées à peser pour que la grève s'arrête, il dépend des plus déterminés des travailleurs de redonner confiance à leurs camarades dans la capacité de tous à obtenir satisfaction.