Fusions, concentrations : Au profit des actionnaires et au détriment de toute la société22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fusions, concentrations : Au profit des actionnaires et au détriment de toute la société

L'Aérospatiale-Matra va fusionner avec Dasa (groupe Daimler-Chrysler Aerospace) pour former le numéro 3 de l'aéronautique mondiale. C'est maintenant quasiment chaque semaine, et parfois même chaque jour, que de telles concentrations sont annoncées à travers le monde. C'est ainsi que, le jour même de l'annonce concernant l'Aérospatiale, Matra et Dasa, on apprenait la fusion pour 2002 de deux banques au Japon.

A coups de milliards ou de dizaines de milliards de dollars, des trusts fusionnent, formant des groupes encore plus grands. Au premier trimestre 1999, 434 milliards de dollars ont été engagés dans le monde dans de telles opérations. Depuis, le mouvement ne s'est pas ralenti : BNP-Paribas, Elf-TotalFina, Carrefour-Promodès, Hoechst-Rhône-Poulenc, Pechiney-Alcan... pour n'en citer que quelques-unes qui concernent la France.

Chaque fois, on nous explique que tout cela est indispensable car il faut être le plus puissant pour faire face à la concurrence des autres. Le gouvernement n'a pas manqué de nous servir ces arguments à propos du regroupement Aérospatiale-Matra-Dasa, se félicitant de cette fusion qui va, selon lui, donner à l'industrie aéronautique européenne un outil dans la concurrence avec les États-Unis. Mais à quoi peuvent servir toutes ces fusions / recompositions, etc. ? S'agit-il de mieux permettre la satisfaction des besoins des populations ? Bien sûr que non. Être plus compétitifs, cela veut dire pour tous ces groupes être plus rentables, et permettre aux actionnaires d'amasser plus de profits. C'est d'ailleurs bien pour cette raison que toutes ces concentrations d'entreprises s'accompagnent quasiment à chaque fois de réductions d'effectifs.

Dès l'annonce de la fusion Elf-TotalFina, on apprenait que 2 000 suppressions d'emplois étaient prévues dans ce cadre. Renault qui vient de racheter Nissan y a annoncé 21 000 suppressions d'emplois. Pour les employés des sociétés concernées, tout cela se traduit donc par des menaces sur l'emploi et des conditions de travail qui se dégradent. Et du point de vue de l'ensemble de la société, il y a là un énorme gâchis de richesses, car ces fusions mobilisent une masse de capitaux gigantesque qui aurait pu servir à faire bien des choses indispensables, à commencer par la création de millions d'emplois. Avec les 210 milliards de dollars dépensés en Europe en trois mois dans ces opérations de fusion, on aurait pu créer plus de six millions et demi d'emplois à 8 000 F de salaire mensuel (charges comprises).

Certes, concentrer la production ou regrouper des services n'est pas en soi une aberration. On peut tout à fait imaginer que cela permet d'éviter un gaspillage de temps et de richesses. Il n'est pas forcément nécessaire en effet qu'existent plusieurs entreprises d'aéronautique, fabriquant à peu de chose près les mêmes engins. Regrouper et coordonner des activités identiques ou complémentaires dans des unités plus vastes est certainement plus rationnel. Mais cela n'aurait vraiment un sens que dans le cadre d'une planification générale de l'économie, dans l'intérêt de l'ensemble de la population et sous son contrôle direct. C'est la seule façon pour que cela se traduise vraiment par une amélioration des conditions de vie de tous. Sinon, cela ne permet que d'augmenter les profits des actionnaires.

Alors, c'est bien ce grand capital, ces sommes d'argent gigantesques, qu'il faut exproprier pour qu'elles servent à l'ensemble de la population et non contre elle.

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