Trimestre anti-inflation : info ou intox ?16/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Trimestre anti-inflation : info ou intox ?

Les prix en supermarché « ont commencé à baisser » : telle est l’affirmation d’Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce.

Selon les chiffres de la Direction de la concurrence (DGCCRF) du ministère, « en moyenne, depuis sept semaines, les prix des produits (de marque distributeur) ont baissé de 13 % dans le panier ». À l’en croire, ces paniers anti-inflation, négociés à la mi-mars par le gouvernement avec certaines enseignes de la grande distribution, seraient la solution au problème du pouvoir d’achat des classes populaires. Ils pourraient être prolongés d’un trimestre.

Cette belle histoire est trompeuse. De son propre aveu, la DGCCRF n’envoie pas d’agents dans les grandes surfaces pour surveiller les prix : elle se base sur les données transmises par les enseignes elles-mêmes, qui choisissent ce qu’elles mettent dans leur panier, puis se font leur propre publicité au travers de cette opération gouvernementale. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

L’UFC-Que choisir, de son côté, organise un relevé des prix dans les magasins, ce que l’État renonce à faire, pour éviter les mauvaises nouvelles. Selon cette association de défense des consommateurs, les prix des produits inclus dans les « paniers » en question sont à peu près stables depuis le début de l’opération anti-inflation. Mais ils sont au plus haut, après plus d’un an d’inflation continue et n’ont pas du tout baissé.

Ces paniers supposés contenir les articles les plus courants n’incluent pas les produits de marque. Bizarrement, Carrefour a mis les cintres et les charentaises dans sa composition. D’autres distributeurs y mettent des alcools. Dire que ces paniers sont faits de produits de première nécessité, c’est au moins aller un peu vite.

En fait, la grande distribution s’est saisie de cette communication gouvernementale autour de la lutte contre l’inflation pour ses propres opérations commerciales, alors que les promotions des grandes surfaces n’ont jamais fait baisser les prix. Elles servent à attirer les clients dans les magasins avec quelques offres alléchantes – et encore ce sont parfois des arnaques car, derrière des prix en baisse peuvent se cacher des quantités en baisse encore plus grande – pour les assommer lors du passage en caisse avec un chariot plein pour la semaine.

Ce n’est ni du gouvernement ni des capitalistes du commerce que les travailleurs peuvent attendre une amélioration de leur pouvoir d’achat. Il faudra se débarrasser de ces deux types de brigands.

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