Mixité sociale à l’école : l’Arlésienne de Pap Ndiaye16/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mixité sociale à l’école : l’Arlésienne de Pap Ndiaye

Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation, s’est finalement contenté, au lieu d’une conférence de presse, d’une réunion avec les recteurs des différentes académies pour leur demander de « réduire les différences de recrutement social entre les établissements publics de 20 % d’ici 2027 ».

Quant à ceux de l’enseignement privé, le souhait du ministre de les associer à son plan se résume à un vœu pieux.

Du côté de l’enseignement public, cela fait bien longtemps que les différences s’accroissent entre les établissements des banlieues populaires et ceux des quartiers plus aisés. Les suppressions de classes réduisent régulièrement à néant les rares efforts pour en constituer avec de petits effectifs ; chaque année, parents et enseignants se mobilisent ne serait-ce que pour garder un poste.

Le privé, financé aux trois quarts par l’argent public, recrute ses élèves comme il l’entend. Certes, ils ne sont pas issus exclusivement de milieux très aisés mais on compte, dans les collèges privés sous contrat, moins de 17 % d’élèves d’origine sociale défavorisée, pour 40 % d’élèves très favorisés, alors que les proportions sont inverses dans le public.

La mixité sociale est une illusion, dans une socié­té profondément inégalitaire où les rares avancées ne peuvent dépendre, et encore temporairement, que des mobilisations, et non du bon vouloir d’un ministre quel qu’il soit. C’est d’autant plus vrai pour Pap Ndiaye que, en réaction à ses déclarations, il a vu se dresser des politiciens de droite et d’extrême droite, une partie des médias et certains intégristes, racistes, condescendants et criant au renouveau de la guerre scolaire. Macron de son côté, échaudé par les manifestations contre la loi sur les retraites, ne craint rien tant qu’une nouvelle bataille et ne va pas en lancer une pour soutenir son ministre.

Pap Ndiaye aura ainsi essayé par une timide annonce de faire oublier aux enseignants la politique gouvernementale qu’il applique. Hélas, même l’annonce d’une augmentation de leur salaire lui a échappé, puisque son président la lui a ôtée de la bouche. Elle est bien difficile, la vie de ministre !

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