RSA : nouvelles attaques programmées16/05/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/05/P5-2_RSA_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

RSA : nouvelles attaques programmées

Olivier Dussopt, ministre du Travail, était à Laon jeudi 11 mai pour lancer l’expérimentation de la réforme du RSA, qui rendra obligatoire de faire 15 à 20 heures d’activité par semaine pour toucher cette allocation.

Illustration - nouvelles attaques programmées

L’Aisne, comme dix-huit autres départements, expérimente cette réforme, qui devrait d’abord concerner 3 000 personnes du bassin d’emploi de Laon, avant une généralisation aux 16 000 allocataires du RSA du département.

Les allocataires devraient suivre un prétendu parcours d’insertion et être accompagnés pour lever les « freins à l’emploi », comme l’absence de permis de conduire, les problèmes de logement, de garde d’enfants. Pour aider ces milliers de personnes, Pôle emploi, qui va devenir France travail, la mission locale et le conseil départemental de l’Aisne vont embaucher seulement une vingtaine de personnes supplémentaires.

L’allocataire se verra imposer 15 à 20 heures d’activité, formation ou travail. Élisabeth Borne a précisé samedi 13 mai à La Réunion (qui expérimente aussi le nouveau RSA) qu’il y aura bien des sanctions si le contrat n’est pas respecté. Et elle a insisté sur le « contexte où on sait qu’il y a beaucoup d’entreprises qui cherchent à recruter et qui disent qu’elles n’y arrivent pas ». Il s’agit donc bien de fournir de la main-d’œuvre gratuite aux patrons qui le voudront.

Ce n’est pas la première fois que les gouvernements essaient de contraindre les allocataires du RSA à fournir un travail, sous peine de perdre leur allocation. Le « contrat d’insertion » était déjà prévu à la création du RMI, en 1988. Différentes expérimentations ne se sont jamais généralisées. Les patrons n’ont pas été convaincus d’embaucher des centaines de milliers de travailleurs dans des situations particulièrement difficiles, et l’État n’a jamais mis les moyens pour résoudre les problèmes de garde d’enfants, de logement, de déplacement, de santé, qui empêchent beaucoup de travailleurs d’accéder à l’emploi.

La réforme ira-t-elle cette fois au-delà de l’effet d’annonce ? L’essentiel pour le gouvernement est de toute façon de désigner une nouvelle fois les plus pauvres comme des assistés, qui ne voudraient pas travailler et coûteraient cher à la collectivité. C’est à la fois une diversion politique, face au mécontentement qui se développe dans la population, et un moyen de faire des économies, en coupant les allocations à certains.

Dussopt a été accueilli à Laon par une centaine de manifestants, munis de casseroles et de sifflets. Ils ont fait face à des policiers et gendarmes au moins aussi nombreux qu’eux, preuve que le ministre est bien conscient que ni la réforme des retraites ni les autres attaques contre le monde du travail ne passent auprès des travailleurs.

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