Niger : le pillage continue24/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2743.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Niger : le pillage continue

Les élections présidentielles qui viennent d’avoir lieu au Niger ont été saluées par les grandes puissances, au premier rang desquelles la France, comme un exemple de démocratie. Fait exceptionnel dans les anciennes colonies françaises, le président en exercice, Mahamadou Issoufou, avait accepté de ne pas se représenter.

Le ministre de l’Intérieur et dauphin désigné, Mohamed Bazoum, a été élu. Il avait organisé en mars 2020 la répression contre des manifestants qui dénonçaient le détournement par le ministère de la Défense de fonds destinés à la lutte contre les djihadistes. À la suite de surfacturations de matériel militaire, 100 millions d’euros avaient atterri sur les comptes en banque de proches du président.

Le Niger est l’allié de la France dans le G5 Sahel et sert de base aux drones américains. C’est aussi la principale voie d’accès des migrants d’Afrique subsaharienne vers les côtes de la Méditerranée, une route que l’Union européenne s’efforce de contrôler. Mais le pays reste surtout l’un des premiers producteurs de l’uranium destiné aux centrales nucléaires françaises. Cela vaut bien un label de démocratie, quel que soit le régime.

À l’indépendance, des accords dits d’approvisionnement prioritaire réservaient à la France la totalité de de l’uranium nigérien à des prix extrêmement bas. Depuis la fin de ces accords, le Niger a certes pu faire jouer la concurrence, mais sans jamais en tirer réellement profit. Le pillage s’est poursuivi sous différentes sociétés, Areva puis aujourd’hui Orano, qui a hérité des mines lors du démantèlement d’Areva.

Lorsque les cours étaient élevés, avant l’accident nucléaire de Fukushima et la fermeture des centrales nucléaires dans de nombreux pays, les avantages fiscaux consentis à ces sociétés par l’État nigérien ont abouti à ce que les revenus de l’uranium, qui constituait 70 % des exportations du pays, n’ont jamais rapporté au budget du Niger plus de 6 % de ses recettes. Areva avait constitué deux filiales avec une importante participation nigérienne, la Somaïr et la Cominak, ce qui permettait de transférer une partie des profits vers les dirigeants du pays et de s’assurer de leur complicité. Aujourd’hui, alors que les cours ont baissé, Orano ferme des mines, licencie du personnel et laisse au pays des sites pollués et des villes minières fantômes.

Le Niger a aujourd’hui le triste privilège d’être considéré par l’ONU comme le pays le plus pauvre du monde. C’est le résultat de décennies d’exploitation par l’impérialisme français, et d’un pillage que protègent encore aujourd’hui les militaires français.

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