PSA-Fiat-Chrysler : Peugeot, Agnelli, une affaire de familles24/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2743.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA-Fiat-Chrysler : Peugeot, Agnelli, une affaire de familles

La famille Peugeot a décidé de changer le nom de sa société d’investissement. La très discrète société Foncière, Financière et de Participation (FFP) va devenir Peugeot Invest.

Cela peut paraître symbolique, mais cela souligne que, dans le nouveau groupe Stellantis, né de la fusion PSA-Fiat-Chrysler, la famille Peugeot n’est plus le seul maître à bord.

La famille Peugeot doit maintenant composer avec la famille Agnelli et elle compte sur sa société d’investissement pour cela. Si deux familles peuvent à elles seules diriger le quatrième groupe automobile mondial avec ses 400 000 salariés, et alors qu’il y a des milliers d’actionnaires, c’est qu’elles sont les actionnaires principaux. Leur capital propre est regroupé dans des holdings familiales. Pour la famille Peugeot, cette holding s’appelle Établissements Peugeot Frères. Mais, pour attirer l’argent d’autres investisseurs et accroître leur puissance financière, ces familles ont créé depuis très longtemps des sociétés d’investissement qu’elles contrôlent totalement. La FFP est de celles-là, dont Établissements Peugeot Frères possède 80 %. Et ainsi, en cascade, la puissance financière de ces familles capitalistes grossit.

Mais avec la mondialisation, pour attirer des capitaux, le nom compte. Quand la famille Peugeot avait seule la main sur PSA, c’était PSA qui était son drapeau pour lever des fonds. Avec la fusion PSA-Fiat-Chrysler, ce drapeau ne leur appartient plus en propre. Et le nom de la FFP est trop peu connu, et de plus ne veut rien dire. « FFP ne parlait à personne, surtout pas à Singapour ou New-York », a dit Robert Peugeot pour justifier le changement de nom. Avec sa société rebaptisée, la famille Peugeot espère lever des fonds pour financer ses affaires, hors du groupe Stellantis mais aussi à l’intérieur.

Les familles Peugeot et Agnelli ont dû fusionner leurs deux groupes pour empêcher que des géants comme Toyota ou Volkswagen leur prennent des parts de marché. Mais à l’intérieur de Stellantis, qui va diriger ? Grâce à sa société d’investissement, la famille Agnelli possède 14,4 % des actions de Stellantis. La famille Peugeot, elle, n’en possède que 7,2 %. Mais elle a le soutien de l’État français, qui en possède 6,2. Le constructeur chinois Dongfeng, qui en possède 5,6 %, serait prêt à lui en céder 1,5 %. La famille Peugeot devancerait Agnelli d’une courte tête.

Si les Peugeot et les Agnelli se sont alliés, ils n’en sont donc pas moins toujours concurrents. Mais, du point de vue des travailleurs, le fait que l’une ou l’autre des familles ait le dessus n’a aucune importance. Car le plus aberrant est que, fusion après fusion, rachat après rachat, des groupes industriels gigantesques soient encore et toujours la propriété privée de quelques individus.

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