Dans le monde

Guadeloupe : un procès colonial

Luc Reinette, figure du mouvement indépendantiste en Guadeloupe, était convoqué à la gendarmerie de Miquel à Pointe-à-Pitre jeudi 18 février, suite à une enquête ouverte par le procureur de la République.

Il est en effet reproché à Reinette d’avoir, lors de propos tenus sur le média CaraÏb Créol news le 21 octobre dernier, incité « à la haine ou à la violence envers un groupe d’individus du fait de leur origine ». Il s’agit en fait d’un appel à la jeunesse dans lequel Reinette dénonce avec vigueur le colonialisme passé et présent et réaffirme sa conviction indépendantiste.

Plusieurs centaines de personnes sont venues accompagner Luc Reinette et protester contre cette convocation. Il faut dire que cette affaire survient dans une période où les propos et comportements racistes de certains Blancs se multiplient dans l’impunité et choquent la population. Plusieurs organisations indépendantistes et d’extrême gauche, ainsi que les principaux syndicats, avaient appelé à cette manifestation. Leurs représentants se sont tous exprimé lors du meeting devant la gendarmerie, avant et après la convocation de Reinette. La presse locale a largement relaté l’événement. Une partie de la classe politique officielle locale a apporté son soutien à Luc Reinette

Cette lettre de Reinette à la jeunesse, qui n’était jusque-là connue que d’un public restreint, est aujourd’hui bien plus largement connue. Cette tentative d’intimidation aura finalement fourni une plus grande tribune à ce leader indépendantiste.

Celui-ci a maintenant réclamé un procès public. On ne sait pas si la justice officielle, aux arrière-goûts coloniaux, fournira cette nouvelle occasion au mouvement indépendantiste et à tous ceux qui ont soutenu Luc Reinette ce jour-là.

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