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Irak : le Premier ministre forcé à la démission

Dans l’espoir d’arrêter la contestation sociale qui s’est emparée des classes populaires irakiennes depuis deux mois, les clans politico-religieux qui se partagent le pouvoir ont fini par lâcher le Premier ministre, qui a dû démissionner le 29 novembre.

Comme l’explique une manifestante, « c’est le minimum qu’ils puissent faire pour les martyrs de Nassiriya et de Nadjaf ». Dans ces deux villes, les autorités ont sauvagement attaqué les manifestants, tuant 70 personnes en trois jours. Depuis le début de la contestation, elles ont fait plus de 400 morts et des milliers de blessés.

Le pouvoir oscille entre la manière forte, avec snipers sur les toits et milices religieuses qui tirent sur la foule, mais sans réussir à décourager les contestataires, et les excuses pour cette répression, parlant d’usage excessif de la force, condamnant à mort un policier qui a tué deux manifestants ou limogeant un général brutal, pourtant nommé quelques jours plus tôt pour rétablir l’ordre dans le Sud.

Les classes populaires sont excédées par la misère, le chômage et le chaos dans lequel elles sont plongées sans espoir d’amélioration. Partie du Sud chiite du pays, leur mobilisation s’étend vers le Nord sunnite, rejetant les clivages confessionnels et communautaires. Elle vise pêle-mêle tous les courants qui se partagent le pouvoir depuis une quinzaine d’années, sous la houlette des États-Unis d’abord puis conjointement avec l’Iran, les deux pays s’étant alliés en 2014 pour contrôler l’Irak.

Le Premier ministre démissionnaire, Adel Abdel-Mahdi, dirigeant du Conseil suprême islamique irakien, est un représentant de ces cliques. Comme vice-président, ministre ou Premier ministre, il a participé depuis 2005 au pouvoir mis en place par les États-Unis après leur invasion de l’Irak.

Son éviction ne règle rien, d’autant moins qu’il reste à son poste pour expédier les affaires courantes, le temps que les chefs politiques et religieux lui trouvent un remplaçant, pour tenter de mener la même politique. Mais, à travers leur mobilisation, une grande partie des manifestants ont appris à ne plus faire confiance aux discours des dirigeants politiques.

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