Agriculteurs : les raisons de la colère03/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2679.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculteurs : les raisons de la colère

Plusieurs centaines d’agriculteurs membres de la FNSEA et de sa branche jeunes sont montés en tracteur sur Paris mercredi 27 novembre, créant des bouchons sur le périphérique le matin.

Quelques dizaines de ces agriculteurs ont bloqué les Champs-Élysées pendant un moment, déversant des bottes de paille sous le regard de CRS qui avaient visiblement reçu la consigne de ne pas les traiter comme de vulgaires gilets jaunes.

La colère des agriculteurs est profonde, elle n’est pas nouvelle et elle est justifiée. Elle l’est, même si la FNSEA, très sensible aux intérêts des céréaliers et autres capitalistes de la terre, a tenté de la détourner, lors de cette mobilisation, en ciblant les partisans de l’interdiction du glyphosate.

De son côté, le gouvernement a joué la même partition. Le ministre de l’Agriculture, face à une délégation de la FNSEA, s’est empressé de dire qu’il soutient le mouvement des agriculteurs. Au sortir de la réunion, la dirigeante du syndicat agricole a demandé aux manifestants de suspendre leur mobilisation, en prévision d’une nouvelle réunion avec les pouvoirs publics.

Mais, pour les agriculteurs, le compte n’y est pas, et ils sont nombreux à dire qu’ils sont toujours confrontés à la même situation qui créée, parmi eux, détresse et colère. Ils sont en effet confrontés au rapport de force qui les oppose aux centrales d’achat géantes de la grande distribution d’une part, et aux grands groupes de l’agro-industrie d’autre part. Ce sont ceux-là qui contrôlent les marchés et imposent leurs prix, à la production comme à la vente des produits finis. Ils s’entendent aux dépens des producteurs et des consommateurs, pour augmenter le plus possible leurs marges bénéficiaires.

Ainsi, Intermarché a noué un accord avec Bel, Sodiaal-Yoplait et Savencia, Leclerc avec Danone et Lactalis, Carrefour et U, regroupés dans une centrale commune, avec Lactalis, Sodiaal et Laïta. C’est grâce à de telles ententes que les prix payés aux agriculteurs, même augmentés suite aux mobilisations précédentes, sont maintenus au-dessous de leurs coûts de production. C’est ce qui les oblige à s’endetter toujours plus, même avec des taux plus faibles. Leur colère et leur révolte ne peuvent que s’amplifier.

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