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Hôtel Ibis : les femmes de chambre ne désarment pas
Vendredi 22 novembre, une soirée de soutien était organisée, pour les grévistes de l’hôtel Ibis-Batignolles à Paris, en grève depuis cinq mois. Elle avait lieu à l’université de Saint-Denis, en présence d’étudiants et d’universitaires.
Ces femmes de chambre, gouvernantes et hommes d’entretien, qui dépendent d’une société sous-traitante, la société STN, revendiquent leur intégration au groupe Accor. Les conditions de travail de la sous-traitance sont insupportables. Les femmes de chambre, surexploitées, sont payées à la chambre et non au nombre d’heures effectuées.
Les grévistes ont pu ainsi expliquer leur quotidien et leur grève, raconter ce qu’elles avaient gardé pour elles. La grève a libéré la parole, comme l’a expliqué l’une d’entre elles. Une de leurs camarades a accusé un directeur de l’hôtel de viol en 2017. Même si une plainte avait été déposée, ses collègues n’en avaient pas parlé pendant très longtemps. Aujourd’hui, elles en parlent et dénoncent même le harcèlement dont elles sont victimes. Les journalistes ayant demandé pourquoi elles se sont tues si longtemps, ils se sont attiré cette réponse : « Nous étions dans une bouteille fermée. Avec la grève, elle s’est ouverte, c’est pourquoi nous parlons aujourd’hui. » Fières de leur mouvement, les femmes de chambre ne veulent pas plier. Un de leurs soutiens à la tribune les a comparées aux domestiques des bourgeois, ce sont des invisibles. « Quand les clients rentrent dans les chambres, ils ne voient pas que le ménage est passé puisque ces chambres sont toujours propres. » Aujourd’hui, ces femmes ne veulent plus être invisibles, même si tout est fait pour qu’elles le soient de nouveau. Alors qu’elles manifestaient devant l’hôtel Ibis-Batignolles et y faisaient trop de bruit selon la direction, la justice a interdit leur piquet de grève. Elles ont alors décidé de faire des piquets de grève volants devant les hôtels du groupe Accor, pour continuer de se faire entendre et faire pression sur ce groupe milliardaire qui a recours à la sous-traitance.
Le jour du meeting de soutien, la justice avait de nouveau assigné les femmes de chambre en grève, pour les empêcher de faire la tournée des hôtels de luxe du groupe. Les patrons du groupe veulent renvoyer les salariées à leur invisibilité, mais elles n’ont pas dit leur dernier mot et comptent bien se faire entendre et voir !