Chlordécone : l’État, paravent des capitalistes03/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2679.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chlordécone : l’État, paravent des capitalistes

La commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone, l’insecticide qui a empoisonné des années durant les travailleurs de la banane et la population des Antilles, présidée par le député Serge Letchimy a rendu ses conclusions. Elles seront bientôt publiées officiellement, mais on en connaît déjà les grandes lignes.

Sans surprise, l’État est jugé premier responsable de la pollution au chlordécone. La commission parle de mesures à prendre pour les indemnisations, la décontamination des sols, et d’autres, mais ce n’est qu’un avis car elle n’a aucun pouvoir.

Cette pollution a de graves conséquences sur la santé des habitants, dont plus de neuf sur dix sont contaminés, mais surtout sur celle des ouvriers agricoles : la Martinique est la région où l’incidence des cancers de la prostate est la plus élevée au monde. Or, ni en Martinique ni en Guadeloupe, ces travailleurs n’ont été invités à témoigner lors des auditions.

L’État savait très bien que ce produit était hautement toxique et ce depuis 1968. Chirac, alors ministre de l’Agriculture, fut le premier à donner son accord à l’utilisation de ce pesticide dès 1972. Puis trois ministres de l’Agriculture, de gauche et de droite, ont accordé des dérogations à l’utilisation de ce produit aux Antilles, malgré son interdiction en France en 1990 : Nallet, Mermaz et Soissons.

Que l’État ait une responsabilité écrasante dans ce gigantesque empoisonnement des terres, des cultures et des hommes, cela ne fait donc aucun doute. Mais il l’a fait pour satisfaire les appétits de ses amis capitalistes, les riches planteurs de banane békés, descendants des grandes familles blanches esclavagistes !

Certes, la commission dit que « les responsabilités de l’État sont partagées avec les industriels, les groupements de planteurs ». Mais ce qu’elle ne dit pas, c’est que ce sont ces derniers qui ont fait pression sur l’État pour qu’il leur laisse le droit d’utiliser le chlordécone à grande échelle pendant plus de vingt ans. Ces mêmes gros planteurs ont commercialisé ce poison. Ils ont ordonné à leurs travailleurs de le répandre comme d’autres pesticides, souvent sans protection. Il y avait même des primes pour ceux qui acceptaient de le faire sans protection.

Les riches békés ont toujours fait la pluie et le beau temps aux Antilles, ayant porte et table ouvertes à l’Élysée. Alors, que l’État soit le premier responsable du scandale du chlordécone, c’est une évidence. Cependant, dans ce crime de masse social, les commanditaires sont les capitalistes békés, les riches planteurs. La commission d’enquête semble leur attribuer un rôle bien trop secondaire, comme pour les abriter derrière l’État.

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