Dépôts pétroliers : le patronat du BTP mobilisé03/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2679.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dépôts pétroliers : le patronat du BTP mobilisé

Depuis le 28 novembre, plusieurs grands dépôts pétroliers, particulièrement dans l’Ouest, sont bloqués à l’initiative des employeurs du bâtiment et des travaux publics, le BTP. Le patronat de ce secteur s’oppose à la suppression de l’avantage fiscal dont il bénéficiait sur le prix du gazole utilisé pour ses engins de chantier.

Cet avantage fiscal leur permettait de payer le gazole aux alentours de 60 centimes le litre, contre près de 1,50 euro pour le reste de la population. Pour des milliers de petits patrons, le manque à gagner peut être parfois difficile à amortir, quand ils se retrouvent avec des marges réduites en tant que sous-traitants, voire sous-traitants de sous-traitants des grands groupes comme Bouygues, Eiffage, Vinci et bien d’autres. Mais en l’occurrence ce sont les patrons possédant des dizaines de camions et d’engins qui protestent à propos des millions que cette la mesure leur fait perdre. Il est pourtant évident que les plus gros sauront faire supporter ce coût par la masse des sous-traitants petits et gros, voire très gros.

L’État, le gouvernement, manifestent vis-à-vis de ces patrons une attitude tout autre qu’à l’égard des milieux populaires. Leurs représentants devraient être reçus par le ministre de l’Économie, voire le Premier ministre, comme ils le demandent. Et il est possible que le gouvernement leur cède. C’est exactement ce qu’il a fait l’an dernier au tout début du mouvement des gilets jaunes. Il s’agissait de la même mesure qu’aujourd’hui, au milieu d’autres taxes sur l’essence que le gouvernement avait déjà prévu d’instituer. Mais, fait remarquable, dès les premières manifestations, les patrons du BTP avaient vu cette suppression d’avantage fiscal annulée et s’étaient retirés immédiatement du mouvement. Satisfaits et levant tous les blocages, ils laissaient les gilets jaunes aux matraques et jets de grenade des forces de police.

Aujourd’hui, la gendarmerie est surtout mobilisée pour assurer la circulation et l’entreposage des camions en attente, alors que des manifestants simples gilets jaunes ont encore écopé il y a peu de six mois de prison ferme pour avoir « manifesté illégalement ».

Ce traitement différencié est bien sûr dans l’ordre des choses. Mais, comme l’an dernier, où les chauffeurs routiers avaient réclamé de ne pas être les oubliés des cadeaux à leurs patrons, les salariés de cette profession n’ont pas à se sentir solidaires des patrons du secteur. Ceux-ci ne répercuteront jamais spontanément sur leurs salariés les avantages dont ils bénéficient. Mais les salariés devraient se sentir encouragés à réclamer avec la même détermination des salaires qui leur permette de vivre correctement.

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