COP 25 : les discours n’arrêteront rien03/12/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/12/P16_Planete_glace_qui_fond_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

COP 25 : les discours n’arrêteront rien

Initialement programmée au Chili où la révolte populaire contre le gouvernement se poursuit, la COP 25, vingt-cinquième conférence internationale des Nations unies sur le climat, se déroule finalement à Madrid jusqu’au 13 décembre.

Illustration - les discours n’arrêteront rien

De multiples associations et les scientifiques du monde entier répètent que cette COP 25 « est la dernière opportunité historique pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle ». Selon leurs études, si les émissions de dioxyde de carbone, le CO², ne baissent pas de 7,6 % par an entre 2020 et 2030, la planète est partie pour un réchauffement supérieur avec des effets irréversibles. Une baisse aussi drastique est réclamée depuis des années par les experts.

Année après année, les grand-messes se succèdent, les mêmes discours alarmistes sont prononcés, des plans de réduction sont votés comme celui de Paris en 2015… et rien ne change. Les épisodes caniculaires sont plus nombreux, les incendies ravagent l’Amazonie, les tempêtes augmentent en intensité dans diverses régions du globe, les glaces polaires fondent de plus en plus vite tandis que les émissions de CO² ne baissent pas.

Il est de bon ton de dénoncer Trump et Bolsonaro, dirigeants des États-Unis et du Brésil, deux grands pays émetteurs de gaz à effet de serre qui refusent de mettre en œuvre l’accord de Paris, tout comme l’Australie. De leur côté, les dirigeants européens jouent les vertueux. Ils préparent un Green New deal, un vaste programme d’aide publique censé organiser la transition écologique. Chacun dans son style, chacun flattant son électorat plus ou moins réactionnaire ou plus ou moins bobo, les dirigeants des grandes puissances défendent tous les intérêts immédiats de leurs groupes industriels. Aucun ne prendra la moindre mesure contraignante pour imposer des contrôles et surtout des sanctions aux capitalistes de l’énergie, du transport, de la chimie ou du BTP qui polluent. À Madrid, Édouard Philippe fera des discours sur le climat, à Rouen il a couvert les manquements de Lubrizol.

En revanche, la lutte contre le réchauffement climatique fournit un nouveau prétexte pour arroser de subventions les grands groupes. Ainsi, les patrons de l’automobile sont venus lundi 2 novembre au ministère de l’Économie réclamer « un plan d’urgence » pour développer les moteurs électriques ainsi que des baisses d’impôts. Nul doute que ceux qui ont imposé le moteur Diesel à toute la société trouveront le soutien de l’État pour se gaver avec la fabrication des moteurs électriques. Les travailleurs, eux, ont droit à des leçons de morale sur leur bilan carbone et à des taxes supplémentaires quand ils prennent leur voiture pour aller travailler ou quand ils se logent dans des passoires thermiques.

Le cynisme des dirigeants des grandes puissances alimente bien légitimement la révolte d’une partie de la jeunesse, qui manifeste dans de multiples pays. Greta Thunberg, l’initiatrice de la grève de l’école pour le climat, prendra la parole à Madrid. Mais aucun discours, si sincère soit-il, n’arrêtera la machine à profit qui dicte ses choix à toute la société. Pour enrayer la catastrophe climatique comme la catastrophe sociale en marche, il faut arracher le pouvoir aux capitalistes. C’est à cette tâche que la jeunesse révoltée et les travailleurs doivent s’atteler de toute urgence.

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