Fête de l’Humanité : l’ombre de Mélenchon20/09/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/09/2564.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fête de l’Humanité : l’ombre de Mélenchon

La fête de l’Humanité, les 15, 16 et 17 septembre, a rassemblé 550 000 personnes, selon le PCF. Cette affluence suffit à montrer que, même affaibli, il conserve de nombreux militants prêts à s’investir dans la préparation de cet événement, comme ils le font tout au long de l’année dans les entreprises ou les quartiers au cours des luttes quotidiennes.

Mais cela n’en rend que plus dommageable le fait que cette énergie militante soit orientée par les dirigeants du PCF dans la voie sans issue d’une « vraie politique de gauche » destinée à gérer le gouvernement de la bourgeoisie.

Cette année, Pierre Laurent, le secrétaire général du PCF, s’en est clairement pris à Jean-Luc Mélenchon. Des phrases comme : « Il n’est pas là, mais le peuple est là », ou encore « Personne ne peut prétendre détenir la vérité à lui tout seul », émaillaient son discours. Elles ont pu satisfaire des militants du PCF écœurés par le mépris dont le leader de la France insoumise faisait preuve à leur égard en boudant ostensiblement leur fête. Cette absence savamment mise en scène n’est qu’un épisode de plus d’une longue série de rebuffades, comme la décision de Mélenchon de présenter ses candidats face à ceux du PCF dans pratiquement toutes les circonscriptions aux élections législatives, alors que celui-ci avait fait campagne pour lui aux présidentielles.

Mélenchon, se servant de l’écho qu’il rencontre dans les médias, ne rate pas une occasion de montrer qu’il peut se passer du PCF, et de tous les autres courants de gauche d’ailleurs. Il veut apparaître comme le seul opposant crédible à la politique de Macron, et comme la seule alternative possible lorsque celui-ci se sera déconsidéré. C’est dans ce cadre que se situe son appel à manifester le 23 septembre.

Lorsque l’échéance se profilera, que ce soit aux prochaines élections présidentielles ou avant, en cas de crise politique, Mélenchon saura faire les alliances qu’il faut avec des morceaux de la gauche moribonde, dont le PCF éventuellement, ou même au-delà pour accéder au pouvoir. Mais, si même il y parvient, ce sera pour renouveler la désastreuse expérience de la gauche au pouvoir, comme on l’a vu avec Hollande ; suscitant haine et dégoût parmi les travailleurs et désillusion parmi ceux qui auront milité pour lui.

Face à cela, la perspective qu’offrent les dirigeants du PCF n’est au fond guère différente. Leur maître mot, à la fête de l’Humanité comme depuis des mois, est celui d’unité. En fait, ils proposent à leurs militants de faire le pont entre les bouts de l’ancienne gauche socialiste en perdition et le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, en espérant tirer profit de cette position de marieur. Ce serait juste la réédition des épisodes de l’Union de la gauche ou de la Gauche plurielle qui ont vu les militants du PCF servir de marchepied à Mitterrand, à Jospin, à Hollande, leur permettant de mener une politique antiouvrière et aboutissant parallèlement à l’affaiblissement continu du Parti communiste.

Les militants du Parti communiste qui veulent vraiment servir leur classe ont intérêt à se placer dans une tout autre perspective. Il faut renouer avec la lutte de classe, avec une politique qui vise à renforcer la classe ouvrière en lui apprenant à se défier de ses faux amis de gauche et à mettre toute sa confiance dans ses propres forces, non dans les élections mais dans la lutte et dans la rue.

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