Un “rideau de fer maritime” meurtrier14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un “rideau de fer maritime” meurtrier

La suppression du droit du sol ne pouvant se décréter, Darmanin a annoncé une série de mesures xénophobes et sécuritaires immédiates : un « rideau de fer maritime » contre l’immigration illégale et une nouvelle opération de démantèlement de bidonvilles, nouvelle chasse aux plus pauvres.

Le bras de mer qui sépare l’île comorienne d’Anjouan de celle de Mayotte est déjà devenu un cimetière marin depuis que la France a imposé une frontière en 1995. Les femmes et les hommes qui fuient la misère ou qui veulent rejoindre leur famille, se lancent sur l’océan dans des embarcations de fortune, les kwassas-kwassas. Le Sénat avait estimé que plus de 10 000 personnes étaient mortes lors de la traversée entre 1995 et 2012. Une autre partie des migrants qui arrivent à Mayotte viennent d’Afrique. Ils sont environ 1 500 à avoir fui la guerre civile qui ravage le Kivu en République Démocratique du Congo (RDC) ou la famine qui frappe la Somalie.

Tous les « rideaux de fer » du monde n’empêcheront pas ceux qui fuient les atrocités de tenter le passage, comme en Méditerranée. Des réfugiés africains du campement de Cavani à Mamoudzou, chef-lieu de l’île, ont témoigné dans un journal local. Impossible de retourner en RDC où leur village a été ravagé par l’armée congolaise et les groupes rebelles. L’un d’eux raconte : « Je n’avais pas le choix, pour vivre il fallait fuir. » Une femme a perdu son mari et quatre de ses sept enfants dans la traversée. Aujourd’hui, elle vit sous une tente, sans eau potable ni sanitaires, et ses trois enfants qui ont survécu à la traversée sont maintenant malades.

Les mesures annoncées auront pour seul effet d’engendrer de nouvelles victimes parmi ceux qui prennent la mer et de durcir encore la vie des survivants.

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