Pétrole en Aquitaine : les profits avant tout14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pétrole en Aquitaine : les profits avant tout

Près de 3 000 personnes ont manifesté dimanche 11 février dans les rues de Bordeaux contre les huit nouveaux forages pétroliers que compte réaliser la société Vermilion sur le bassin d’Arcachon.

Vermilion est une petite société pétrolière qui, avec 45 puits de pétrole dans 27 concessions, produit un quart des 12 000 barils produits par jour sur le territoire français, et qui compte bien, peu importe l’avenir de la planète, arrondir ses profits. Le 13 novembre 2023, le tribunal administratif a rendu un avis favorable à son projet d’extension sur le bassin d’Arcachon. Début février, le ministre délégué à l’Énergie, Roland Lescure, s’est lui aussi dit favorable à ce projet, au nom de la loi Hulot de 2017. Reste à attendre, avant forage, la décision du préfet de région.

La loi Hulot, du nom de l’ex-ministre écologiste, est présentée par le gouvernement et ses promoteurs comme celle qui, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, va mettre fin à toute exploitation de pétrole sur le territoire français d’ici 2040. En réalité, elle pourrait s’appeler loi Vermilion. Selon l’association les Amis de la Terre, en 2017, cette société a dépensé 500 000 euros en lobbying pour faire sortir de la loi les mesures les plus contraignantes. Ainsi, les permis de recherche déjà délivrés peuvent permettre d’ouvrir des concessions, et les concessions déjà octroyées peuvent être enrichies de nouveaux forages. En 2018, Total a bénéficié de ces finesses pour obtenir une concession au large de la Guyane. De plus, en 2040, les concessions pourront être prolongées si les exploitants démontrent qu’ils ne sont pas rentrés dans leurs frais. Et leur comptabilité pourra bien sûr le faire.

Quoi qu’il en soit, la production en France ne pèse que 0,0001 % de la production mondiale. La loi Hulot n’est qu’un des outils servant au gouvernement de paravent écologiste. Ainsi, elle n’impose rien à un géant comme TotalEnergies dont le siège social est pourtant en France et dont la production quotidienne sur les cinq continents se compte en millions de barils.

Selon le GIEC, pour limiter le réchauffement climatique, il faudrait que 80 % des réserves de pétrole connues restent enfouies.Cet objectif exigerait un changement profond dans l’organisation de l’économie, changement qui est en fait incompatible avec le marché capitaliste. La production de pétrole et de gaz bat en effet tous les records.

La lutte contre le réchauffement climatique ne peut pas se limiter à l’arrêt du forage de nouveaux puits en France alors qu’ils se multiplient sur la planète. Le fond du problème est que ceux qui ont la maîtrise du choix des énergies, comme des modes de production et de transport, sont les grands groupes capitalistes et les financiers, qui n’agissent qu’en fonction de leurs profits.

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