Crise sanitaire : l’État veut cacher sa faillite12/04/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/04/P6-1_Manifestation_du_personnel_de_la_sante_le_16_juin_2020_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Crise sanitaire : l’État veut cacher sa faillite

L’audit réalisé par l’Inspection générale des affaires sociales sur la gestion par l’État de l’épidémie de Covid-19 vient seulement d’être publié mercredi 5 avril.

Illustration - l’État veut cacher sa faillite

Au vu de ses conclusions, on comprend pourquoi le gouvernement ne voulait pas que soit dévoilé cet audit. Il était tellement accablant que le ministère de la Santé avait refusé de le communiquer à des journalistes du ­Parisien. Il a fallu une décision du tribunal administratif de Paris pour finalement l’y contraindre.

Ce rapport met en particulier en lumière l’existence de nombreuses structures au sommet de l’État – centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences ­sanitaires et sociales (­Corruss), centre de crise sanitaire, Santé ­publique France, cellule logistique interministérielle (CCIL) – qui ont été incapables de se coordonner et d’intervenir efficacement, en particulier dans la première phase de la crise sanitaire. L’absence de gestion d’ensemble a fait qu’aucun membre du personnel, aux différents niveaux de la hiérarchie, ne savait ce qu’il avait à faire, si bien que certaines tâches se faisaient en doublon et d’autres étaient oubliées. C’est ainsi que les 611 000 résidents en Ehpad ont été oubliés pendant les premières semaines du confinement. Le personnel des Ehpad a reçu jusqu’à 35 recommandations en deux mois, très souvent contradictoires et pour beaucoup inapplicables.

Après les recommandations de l’OMS, la question des masques est devenue centrale. L’absence de coordination entre Santé publique France et la cellule logistique ministérielle nouvellement créée a été en partie à l’origine des retards dans leurs livraisons. Une des structures a décidé, par exemple, la mise en place d’une voie maritime pour l’acheminement des masques, ce qui n’est devenu réalité que plusieurs semaines après. Pendant ce temps, la pénurie de masques régnait pour la population et dans les hôpitaux les soignants risquaient leur vie.

Dirigées par un personnel formé à mépriser la population, les structures de l’appareil d’État bourgeois ne sont pas préparées à apporter des réponses rapides et efficaces la concernant. En revanche, ce qu’elles savent faire et ont fait avec brio, c’est organiser rapidement la sauvegarde des profits des capitalistes. Il n’y a eu aucun problème pour mettre en place le finan­cement du chômage partiel. Les canaux qui déversent des subventions aux entreprises étaient déjà en place. Aucun problème non plus pour asséner des leçons de morale sanitaire, pour restreindre les contacts familiaux, interdire les moments de convivialité, multiplier les contrôles et faire pleuvoir les amendes. L’arsenal médiatique et répressif était déjà fonctionnel.

Alors que l’appareil d’État était submergé par l’épidémie, pour reprendre une expression de l’audit, les aides-soignantes, les infirmières, les brancardiers et l’ensemble du personnel ont été capables de faire face et de s’organiser dans les hôpitaux et dans les Ehpad. Ces travailleurs, ainsi que tous ceux qui n’étaient pas confinés, se sont démenés dans cette période de crise sanitaire, démontrant qu’ils étaient bien plus responsables et soucieux de la bonne marche de la société que les ministres et les hauts fonctionnaires. Il manque une conclusion à cet audit qui vient d’être publié : les travailleurs font tourner la société, et s’ils la dirigeaient, tout marcherait beaucoup mieux !

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