RIP : un miroir aux alouettes12/04/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/04/P4-2_2023_03_23_Manif_retraite_ndeg9_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

RIP : un miroir aux alouettes

Vendredi 14 avril, le Conseil constitutionnel devait rendre un avis sur la réforme des retraites, mais également sur la demande de référendum d’initiative partagée (RIP), appuyée par 250 parlementaires, députés et sénateurs, principalement de gauche.

Illustration - un miroir aux alouettes

Alors que le mouvement continue sans que cela soit au point de faire reculer le gouvernement, et alors que les sondages ont montré une écrasante majorité de la population hostile à la réforme des retraites, les dirigeants de la gauche font miroiter l’illusion d’une victoire par un référendum sur la réforme des retraites. Un tel vote ne refléterait-t-il pas l’opposition écrasante de la population à cette attaque ? Le gouvernement ne serait-il pas obligé d’en tenir compte ?

Le passé, notamment le référendum de 2004 sur la Constitution européenne, a montré qu’un non dans les urnes peut être traduit en un oui par le gouvernement. Cela peut être vrai à plus forte raison pour une réforme qui fait partie des attaques importantes contre les travailleurs, dans un contexte de crise aggravée du capitalisme. Durant la crise financière qui frappait la Grèce en 2015, le gouvernement de gauche de ­Tsipras avait soumis son plan d’austérité à un référendum. Malgré plus de 61 % de non, il avait appliqué le projet exigé par l’Union européenne, le FMI, et les marchés financiers : baisser les salaires publics, les préretraites et les dépen­ses de services publics.

Dans le référendum d’initiative partagée comme dans bien d’autres votes, les délais (près d’un an de procédure), les obstacles, la mise à l’écart d’une partie du monde du travail privée de droit de vote faute d’avoir la nationalité française, tout est fait pour diluer la colère. Même la question ­posée peut être choisie par le gouvernement pour faire accepter son choix. Dans le référendum grec en 2015, la question ne parlait ni des salaires, ni des préretraites, ni de la TVA, mais d’un « projet d’accord », avec un résumé fait par le gouvernement sur un site Internet.

En cas de victoire du non à un éventuel référendum sur les retraites, le gouvernement aurait aussi bien des moyens de se soustraire à la décision. Sa politique et les choix du grand patronat derrière lui reflètent les intérêts de la grande bourgeoisie et peuvent être conditionnés par le rapport de force avec le monde du travail. C’est bien pourquoi la grève et les mobilisations, l’organisation des travailleurs pour faire entendre leurs intérêts comptent bien plus que n’importe quel référendum.

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