Pénibilité : vieille ficelle pour masquer les vraies attaques19/01/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/01/P5-2_2019_12_10_Manif_retraite_28_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

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Pénibilité : vieille ficelle pour masquer les vraies attaques

La prise en compte de la pénibilité du travail est présentée à chaque réforme des retraites comme un enjeu fondamental. C’est un faux-semblant de plus du gouvernement

Illustration - vieille ficelle  pour masquer les vraies attaques

La discussion sur la pénibilité a surtout servi de prétexte à des directions syndicales comme celle de la CFDT pour accepter l’augmentation du nombre d’années travaillées, sans protéger le moins du monde la majorité des travailleurs soumis aux métiers les plus durs.

Épargner un peu ceux qui travaillent dans des conditions difficiles était déjà la contrepartie invoquée par le gouvernement Hollande en 2014 pour imposer l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans pour tous les salariés. Cela s’est traduit par la création du « compte professionnel de prévention de la pénibilité », transformé en « compte professionnel de prévention » (C2P) en 2017 par Macron. Celui-ci devait permettre aux salariés exerçant des métiers reconnus comme pénibles de cumuler des points, afin de bénéficier, par exemple, d’un départ à la retraite anticipé.

Mais l’écart entre ces promesses et la réalité est saisissant. D’après le journal Les Échos, depuis 2017, un peu moins de deux millions de salariés ont un compte ouvert alors que plus de neuf millions de salariés sont concernés par au moins un critère de pénibilité reconnu par le gouvernement. Et sur ces deux millions, seuls quelques milliers ont pu bénéficier d’un départ anticipé, sur une population active de 30 millions. Il faut dire que la manutention de charges, les postures difficiles, les vibrations mécaniques et les risques chimiques ne sont pas considérés comme des critères de pénibilité valables ! Les ouvriers qui travaillent au marteau-­piqueur ou une grande partie de ceux soumis à des produits cancérigènes sont tout simplement écartés.

Confrontée au rejet majoritaire de son projet de réforme des retraites et manquant d’imagination, Borne emboîte le pas à ses prédécesseurs et affirme qu’elle modifiera les critères du C2P. Mais le gouvernement lui-même chiffre à seulement 60 000 le nombre supplémentaire de travailleurs susceptibles d’ouvrir un compte. En revanche, toutes les réformes des retraites ont abouti à faire travailler plus longtemps les ouvriers sur chaîne, les travailleurs du bâtiment, les caissières, etc. Et les attaques contre les régimes dits « spéciaux » s’en prennent justement aux mesures qui permettaient aux travailleurs des métiers les plus pénibles de partir plus tôt.

D’après l’Observatoire des inégalités, il y a aujourd’hui un écart de dix ans entre l’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier et celle d’un cadre supérieur. Le projet de réforme du gouvernement, s’il passe, ne peut qu’aggraver cet état de fait.

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