Pakistan : de l’inondation à la désolation19/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pakistan : de l’inondation à la désolation

Après les inondations meurtrières qui ont touché plusieurs régions du Pakistan l’été dernier, une conférence internationale des pays donateurs vient de se tenir à Genève.

Le bilan est lourd : les inondations ont fait plus de 1 700 morts et 33 millions de victimes, un tiers des terres ont été inondées et sur celles-ci une grande partie des infrastructures ont été détruites. Quelques mois plus tard, dans ce pays de 216 millions d’habitants, un cinquième des terres inondées le sont encore, un million d’habitations restent détruites, des milliers de kilomètres de routes ont disparu. Dans les villages inondés des régions de l’est du Balouchistan et du nord du Sind, des familles campent près de leurs maigres biens détruits. Leurs moyens de subsistance, bétail, terres, ayant disparu, la faim s’est installée. Les eaux stagnantes, les sources contaminées, ont favorisé le développement des maladies, le paludisme est en recrudescence. De nombreuses structures de santé ont été détruites ou bien sont inaccessibles faute de routes. Les réfugiés dans les camps de fortune installés à Karachi appréhendent l’hiver.

À la conférence onusienne de Genève, les dirigeants pakistanais ont fourni des chiffres : 16,3 milliards de dollars (15 milliards d’euros) seraient nécessaires, dont le gouvernement d’Islamabad estime pouvoir financer seulement la moitié. Face à l’urgence vécue par tous ceux qui connaissent la pauvreté depuis bien avant la mousson catastrophique de cet été, les États les plus puissants représentés à Genève se sont empressés de ne rien faire d’autre que des promesses.

Parmi les neuf milliards de dollars promis pour la reconstruction et l’aide d’urgence figurent des dons de certains, des prêts d’autres, et même de menaçantes leçons de morale. C’est ainsi que la Banque mondiale assortit son prêt d’un rappel des douloureuses réformes nécessaires selon elle, notamment la baisse des subventions aux produits de première nécessité pour la population, avec les conséquences prévisibles.

Macron quant à lui n’a pas été avare de discours, mais n’a promis pour la France que dix millions d’euros d’aide d’urgence, et peut-être dix autres pour les diagnostics et les soins. Plus conséquentes seront les sommes allouées sous forme de projets de reconstruction, sans doute confiés à Vinci ou Bouygues.

Antonio Guterres, au nom de l’ONU, se dit lui-même choqué qu’un pays comme le Pakistan, qui ne génère qu’1 % des gaz à effet de serre responsables de la crise climatique, soit à ce point abandonné après la catastrophe de cet été, en particulier pour se réaménager en prévision des prochaines.

Mais les aides ne sont pas absentes. Elles sont seulement orientées ailleurs. Le premier fournisseur d’armement de l’armée pakistanaise, les États-Unis, vient encore de promettre 450 millions de dollars rien que pour la maintenance des F16 fournis auparavant. Rien ne dit qu’ils seront déduits des centaines de millions versés chaque année pour armer les généraux d’Islamabad, pour le plus grand profit des Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon et General Dynamics.

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