- Accueil
- Lutte ouvrière n°2842
- Grèce : procès de la solidarité
Dans le monde
Grèce : procès de la solidarité
Depuis mardi 10 janvier, 24 travailleurs humanitaires sont traduits en justice en Grèce. Ils encourent vingt-cinq ans de prison et sont accusés d’espionnage, de trafic de migrants ou encore de blanchiment d’argent.
Vu les incohérences de l’accusation, le procureur a dû tout de même abandonner l’accusation d’espionnage.
Parmi ces 24 travailleurs humanitaires figure Sara Mardini, une jeune Syrienne de 27 ans qui habite aujourd’hui en Allemagne. Traversant la Méditerranée sur une embarcation surchargée, elle s’était jetée à l’eau avec sa sœur et une autre passagère pour tirer le bateau en panne de moteur jusqu’au rivage. Leur calvaire a inspiré un film à succès intitulé Les Nageuses. Ces jeunes femmes ont ainsi sauvé 18 passagers.
Sara Mardini, accueillie en Grèce, avait tenu à participer au programme d’aide aux migrants. Avec ses camarades, elle guettait les embarcations sur la côte de Lesbos pour leur porter secours. « J’ai été arrêtée parce que je donnais de l’eau et des couvertures aux réfugiés », a-t-elle expliqué après son arrestation. C’est donc bien une simple aide solidaire que lui reprochent les autorités grecques comme aux 23 autres humanitaires. Les autorités prétendent que cela crée un appel d’air. En fait, ces humanitaires sauvent des vies.
Arrêtée alors qu’elle voulait retourner en Allemagne, Sara a été emprisonnée trois mois et a dû s’acquitter d’une caution de 5 000 euros pour pouvoir être libérée. Elle attend le verdict comme ses camarades. L’État grec, dirigé par le gouvernement particulièrement réactionnaire de Mitsotakis, veut à travers ce procès intimider tous ceux qui viennent au secours des migrants et les sauvent de la noyade.
Mais il serait très hypocrite d’accuser le seul État grec dans cette affaire. La France, à l’instar des autres puissances européennes, a laissé la Grèce accueillir la majorité des réfugiés. La seule réponse sincère serait de les accueillir et de leur ouvrir les portes largement. Les dirigeants des pays les plus riches de l’Union européenne n’y songent même pas !