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Suède : l’extrême droite renforcée
En Suède, la coalition des partis de droite a remporté les législatives du 11 septembre, devant celle réunie autour du Parti social-démocrate, à quelques sièges près.
Le Parti social-démocrate, SAP, arrive cependant largement en tête, avec 30,35 % des voix, mais ses partenaires, les Verts, le Parti de gauche (ex-PC) et le parti du centre, ont reculé. Ce qui a vraiment changé la donne est le choix des partis de droite de conclure une alliance avec les mal nommés Démocrates de Suède (SD). Ce parti d’extrême droite avait été jusqu’alors tenu à l’écart par toutes les formations politiques. Cette fois, la droite a estimé que c’était sa seule chance de revenir au gouvernement, dans un pays où le poids de la social-démocratie est considérable. Le SAP gouvernait en effet depuis huit ans. Et depuis 1917, date de sa première participation gouvernementale, il a été au pouvoir pendant 81 ans.
Pour sceller leur accord, les partis de la droite classique ont repris les propositions anti-migrants et sécuritaires du SD, comme la restriction du regroupement familial et la limitation du droit d’asile. De son côté, le SD a accepté de ne plus s’opposer à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, dans le climat belliciste qui s’est développé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Il faut cependant rappeler que l’abandon du statut d’État neutre a été porté par la Première ministre social-démocrate sortante et que le SAP est allé sur le même terrain sécuritaire, ouvrant de nouvelles écoles de police et instituant des peines plus dures pour certains délits et crimes.
La Suède, avec ses dix millions d’habitants, a accueilli au cours des dix dernières années près de 500 000 migrants, plus que bien d’autres pays européens. Mais ils ont été, dès leur arrivée, laissés de côté. Ainsi, après dix ans de séjour, un demandeur d’asile sur deux seulement a un emploi. Cela a contribué à la création de ghettos, comme le quartier de Rosengard à Malmö, qui compte 38 % de chômeurs, où des bandes criminelles imposent leur guerre de gangs. Ce phénomène, nouveau pour le pays, a permis au SD de prospérer, en surfant sur les peurs et les préjugés. Fondé en 1988 par des néonazis, il a cherché à partir de 2005 à apparaître un peu plus présentable, pour s’intégrer dans le jeu politique. Entré au Parlement en 2010, il n’a cessé depuis de progresser. Lors du récent scrutin, il est passé de 17,5 % à 20,5 % des voix, dépassant pour la première fois le principal parti de la droite classique, les Modérés.
Que le SD participe ou non au prochain gouvernement, ce qui est encore en discussion, il est certain que son poids va contribuer à renforcer le poids des idées réactionnaires.
Quant aux travailleurs, confrontés comme partout à la crise et à l’inflation, ils n’auront d’autre choix que de renouer, à un moment ou à un autre, avec les luttes, pour défendre leur vie, leur dignité, leurs salaires et leurs retraites.