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Dans le monde
Semi-conducteurs : crise de surproduction et pénuries
Le marché mondial de l’électronique est en train de plonger. Les plus grandes entreprises qui conçoivent les microprocesseurs, les américains Intel et Nvidia, ont vu leurs ventes chuter brutalement au deuxième trimestre et en six mois leurs cours boursiers se sont effondrés de près de 50 %. À Taïwan, le plus gros fabricant mondial, TSMC, a mis le pied sur le frein pour ses futurs investissements.
Il y a deux ans, les pénuries de puces électroniques mettaient à l’arrêt des usines automobiles partout dans le monde. Et on apprenait que la production de puces était extrêmement concentrée en Asie et surtout à Taïwan, où les usines, bien qu’ultra-modernes, n’arrivaient pas à faire face à la demande. Ces composants électroniques étant en effet présents partout : dans les ordinateurs, les télévisions, les téléphones portables, les voitures, les machines-outils pour l’industrie…
Dans tous les pays riches, de nombreuses voix se sont élevées pour prôner l’investissement massif dans ce secteur et la relocalisation de cette industrie. En réalité, les projections prévoyaient un doublement de la demande de semi-conducteurs d’ici à 2030, et les industriels du secteur se sont frotté les mains à l’idée des subventions qu’ils allaient obtenir, tout en sachant très bien qu’ils ne renonceraient pas à sous-traiter l’essentiel de leur production aux usines taïwanaises géantes, utilisant le dernier cri de la technologie et une très nombreuse main-d’œuvre mal payée.
En France, Macron a lancé le plan Electronique 2030 et promis plus de 10 milliards d’euros. Une partie a été accaparée par STMicroelectronics pour faire construire une nouvelle usine dans l’Isère. Aux États-Unis, Biden est allé mettre la première pierre d’un site de production de microprocesseurs d’Intel subventionné par l’État américain à hauteur de 20 milliards de dollars.
Mais personne n’avait prévu l’inflation, la guerre en Ukraine, et leurs conséquences sur le marché des téléphones portables et des ordinateurs. Les capitalistes du secteur disent que les consommateurs n’ont désormais plus d’argent pour ce genre de dépenses. Les hausses des prix des carburants, de l’électricité ou de la nourriture absorbent ce qui allait avant dans l’achat d’un nouveau téléphone ou d’un ordinateur. Aujourd’hui, les stocks de puces augmentent alors que les ventes continuent de chuter. Si les capitalistes ont bénéficié des subventions, les travailleurs vont payer par le chômage, les réductions d’effectifs et des fermetures d’usines alors que les nouveaux sites de production promis n’ont même pas encore vu le jour.
Et le chaos ne s’arrête pas là. La surproduction n’empêchera pas les pénuries. En effet, les puces ne sont pas toutes équivalentes. Celles qui manquent au secteur automobile sont basées sur une technologie ancienne, et les industriels de l’électronique n’ont vu aucun intérêt à investir de ce côté-là. Du coup, pour ces puces, les pénuries perdurent.
Cela ne gêne pas vraiment les industriels de l’automobile qui, eux, ont fait le choix de produire moins de véhicules à des prix bien plus élevés, réalisant ainsi des profits record. Tant pis si les voitures deviennent hors de prix et que beaucoup ne peuvent plus s’en payer, même d’occasion. Tant pis si les travailleurs de l’automobile se retrouvent régulièrement au chômage technique avec la baisse de salaire que ça implique.