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Leur société
Énergie : bouclier en papier mâché, profits en béton armé
Mercredi 14 septembre, Élisabeth Borne a annoncé une augmentation de 15 % des factures de gaz pour le 1er janvier 2023 et de 15 % pour celles de l’électricité en février. La Première ministre a malgré tout entonné la rengaine d’un gouvernement sur le pont pour « protéger les Français (…) dans une situation énergétique exceptionnelle ».
En même temps qu’elle faisait avaler une cuillerée de goudron, elle ajoutait un peu de miel en annonçant le maintien d’un bouclier tarifaire et un chèque énergie de 100 à 200 euros pour douze millions de foyers en fin d’année. Pour se consoler des 25 euros en plus sur la facture de gaz et des 20 euros sur celle d’électricité, en moyenne, selon le gouvernement, Borne a invité à regarder chez les voisins allemands, anglais ou italiens où les tarifs explosent de plusieurs centaines d’euros. Il faudrait donc considérer les augmentations décidées par le gouvernement comme un cadeau.
Il n’en est rien ! Les prix du gaz et de l’électricité avaient augmenté avant octobre 2021, bien avant la guerre en Ukraine, présentée comme responsable de tous les maux par Élisabeth Borne, quand le gouvernement Castex avait mis en place le bouclier tarifaire pour aider à la réélection de Macron. Et les quelque 24 milliards qu’aurait coûté ce prétendu bouclier ne sont pas effacés. Ils sont et seront perçus par toute la chaîne des fournisseurs de gaz ou d’électricité, pris sur les impôts, aux dépens des services publics. De plus, les augmentations des tarifs du gaz et de l’électricité, passées et à venir, s’additionnent à celles des prix des produits de première nécessité et obligent de plus en plus de familles populaires à choisir entre se chauffer et se nourrir. Ce n’est pas la « situation énergétique » qui est exceptionnelle, mais la crise de l’économie capitaliste qui est de plus ne plus brutale, avec une augmentation générale des prix, nullement compensée par la dernière augmentation du smic, du RSA, des pensions de retraite.
Borne a reconnu à sa manière l’existence des profiteurs de crise : « Nous ne sommes pas dupes. Certains font artificiellement monter les prix. Nous agirons contre la spéculation sur les prix de l’énergie. » Vœu pieux bien sûr, car ces mystérieux spéculateurs se trouvent parmi les trusts de l’énergie, les Engie, Eni ou encore TotalEnergies, dont les services financiers sont spécialisés dans ces opérations spéculatives. Le gouvernement, qui renâcle même à évoquer des « superprofits », n’est pas prêt d’imposer quoi que ce soit aux capitalistes qu’il sert fidèlement. Ainsi, alors que les classes populaires sont prises à la gorge par la flambée des prix, elles devront se contenter d’aumônes, de factures différées, ou étalées dans le temps.
Le bouclier gouvernemental sert plus à dissimuler les milliards de profits des groupes de l’énergie qu’à protéger le niveau de vie des classes populaires. Pour cela, il faudra que les travailleurs reprennent leurs propres armes, pour imposer des salaires permettant de vivre et leur indexation sur les prix.