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- Lutte ouvrière n°2642
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Dans les entreprises
Renault Trucks Vénissieux : l’amiante en procès
Mardi 12 mars, plus de 1 200 travailleurs ou retraités de Renault Trucks étaient convoqués par le tribunal des prud’hommes de Lyon pour la reconnaissance de leur préjudice d’anxiété après le classement « amiante » de l’usine de Vénissieux.
Certains travailleurs sont malades, d’autres sont décédés suite à des cancers du poumon. Le tribunal devait examiner le préjudice causé dans le cas de ceux qui ne sont pas malades, mais qui ont un risque de le devenir, car ils ont été exposés durant leur parcours professionnel dans les ateliers de l’entreprise qui s’est appelée successivement Berliet, Renault VI, puis Renault Trucks. Car pendant des années la direction a caché les risques et fait travailler sans protection particulière. Les présents étaient contents de se retrouver, aussi nombreux, après quelques années de retraite.
L’avocate de la direction a plaidé pendant deux heures, cherchant à cantonner l’exposition des ouvriers à deux ateliers seulement : Montage cars et bus et Fonderie, mettant même en doute que dans ces deux ateliers tous aient pu été exposés. La réalité est que tous les ateliers étaient concernés, et beaucoup d’ouvriers ont travaillé dans plusieurs ateliers différents entre 1964 et 1996.
La direction elle-même a dû remettre des certificats d’exposition à l’amiante à des ouvriers de la Forge, de la Maintenance des ponts et palans ou du service Soudure, lors de leur départ à la retraite. L’avocate a même oublié que sur le site il y avait un atelier de Montage camions jusqu’en 1983. Et si tout le monde n’a pas scié ou percé des plaques d’amiante, dans tous les ateliers des appareils de chauffage en contenaient. La fibre d’amiante peut rester en suspension dans l’air de 8 à 10 heures avant de retomber, et avec des chauffages à l’air pulsé, il y avait même un risque à respirer l’air ambiant.
La direction de Renault Trucks voudrait diviser les travailleurs entre ceux qui sont déjà malades et ceux qui ne le sont pas encore, alors que la maladie peut apparaître jusqu’à 40 ans après l’exposition, et quelle qu’en ait été la durée. Comme l’indemnisation pour préjudice d’anxiété coûterait 18 millions d’euros, la direction continue à vouloir gagner du temps, comme elle l’a déjà fait entre 2003 et 2016 lors de la bataille juridique pour le classement du site comme amianté.
Tous les plaignants, passablement agacés par la plaidoirie et les contrevérités de l’avocate de Renault Trucks, sont décidés à continuer ce combat.