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Leur société
Affaire Traoré : gendarmes en accusation
Lundi 11 mars, un rapport rédigé par quatre spécialistes de médecine interne issus de grands hôpitaux parisiens est venu bousculer la décision des juges d’instruction de Paris de clore l’affaire du décès d’Adama Traoré sans inquiéter les gendarmes.
Les quatre médecins certifient que le décès, survenu le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise, est bel et bien dû au placage ventral que lui ont infligé les trois gendarmes qui l’ont arrêté, après une longue course-poursuite dans les rues de Beaumont-sur-Oise.
Voilà près de trois ans que la famille Traoré se bat pour faire éclater la vérité sur la mort d’Adama et pour la mise en examen des trois gendarmes. Depuis la mort du jeune homme, tous les représentants de l’État ont accumulé les mensonges. C’est le cas des gendarmes qui, alors que la mère d’Adama attendait à l’extérieur de la gendarmerie, ne lui ont annoncé qu’à 23 heures le décès de son fils, pourtant constaté dès 19 heures. Puis ils ont affirmé aux enquêteurs avoir mis le jeune homme en PLS (position latérale de sécurité) après son malaise, version contredite ensuite par le chef des pompiers qui a attesté avoir trouvé Adama sans vie, face contre terre, sur le ventre, mains menottées dans le dos.
Il y a eu mensonge aussi du côté du procureur de Pontoise, qui a aussitôt proclamé qu’Adama était mort à cause d’un problème cardiaque et d’une infection, affirmation démentie par une contre-autopsie réclamée par la famille, qui a révélé qu’Adama était mort d’asphyxie. Quant à la juge d’instruction de Paris, elle a promis une reconstitution des faits au printemps 2018, qui n’a jamais eu lieu.
La justice, si clémente avec les gendarmes, s’est en revanche acharnée contre la famille Traoré. Dès la fin 2016, le tribunal correctionnel de Pontoise a fait mettre en prison deux frères d’Adama en les accusant, sans aucune preuve, de violence contre des policiers lors d’un conseil municipal houleux, où la maire (UDI) de Beaumont-sur-Oise avait fait donner les gaz lacrymogènes contre la population venue demander des comptes sur l’affaire Traoré ; puis en les accusant, toujours sans preuve, de tentative de meurtre contre des policiers lors des journées d’émeute qui avaient suivi la mort d’Adama.
Depuis le début de cette affaire, les institutions se montrent compréhensives pour les forces de police et impitoyables envers la famille qui demande justice pour la mort d’un des siens, mais qui ne fait pas partie des riches et des puissants.