La dernière manœuvre du clan Bouteflika a consisté à renoncer au cinquième mandat d’un président impotent… pour mieux prolonger le quatrième. Elle n’a en rien entamé la détermination des contestataires. Vendredi 15 mars, les manifestants étaient plus nombreux que jamais, peut-être 15 millions dans tout le pays. « Système dégage », scandent-ils : la colère contre les affairistes qui accaparent les ressources du pays est générale. Elle touche toutes les régions de ce pays immense, et jusqu’aux Algériens en France. Elle mobilise les femmes, que les islamistes avaient voulu cloîtrer à la maison. De nombreuses couches sociales, y compris des catégories privilégiées comme les juges, sont mobilisées. La jeunesse scolarisée est en pointe dans la mobilisation.
Les Algériens ont de quoi être révoltés par ce système qui les condamne à la précarité, au dénuement, pendant que les privilégiés liés au pouvoir se gavent, tout en affichant leur mépris pour les classes populaires. En Algérie, le salaire minimum ne dépasse pas 130 euros mensuels. Quand on sait qu’Issad Redrab, le patron du conglomérat de l’agroalimentaire, de la distribution et de l’industrie Cevital, a accumulé une fortune de 3,7 milliards de dollars, on mesure l’exploitation féroce réalisée par les capitalistes.