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Dans les entreprises
Groupe Safran : Débrayages pour les salaires
Après avoir annoncé 997 millions de profits en 2012, la direction en affiche 1,2 milliard pour 2013. Via les services communication du groupe, le PDG, Jean-Paul Herteman, s'est vanté des « performances records » en 2013, ajoutant que 2014 devrait être « une nouvelle année de croissance significative ». L'action Safran s'envole : plus 50 % en 2013. En cinq ans, elle est passée de 7 à 52 euros. 460 millions d'euros ont été distribués aux actionnaires pour l'année 2013. Et, comme si ça ne suffisait pas, la direction de Safran a annoncé qu'à partir de maintenant les cadres dirigeants toucheraient une retraite chapeau.
Tout cela n'a évidemment pas empêché cette même direction de demander au personnel encore plus d'efforts... pour dépasser ce nouveau record ! Il faut croire qu'elle sait d'où viennent les profits.
Dans ce contexte d'euphorie patronale, les négociations salariales 2014 ont démarré à la Snecma, à la Sagem et dans les filiales. Résultat : à la Snecma, la direction propose royalement 1 % d'augmentation générale pour tous les techniciens et les ouvriers, soit encore moins que l'an dernier.
Cette annonce a scandalisé nombre de salariés. Des débrayages dans chaque centre Snecma ont été organisés, essentiellement par la CGT, réunissant plusieurs centaines de travailleurs en grève. Puis, à l'occasion d'une réunion au siège de la Snecma à Courcouronnes, ce sont 700 travailleurs du groupe qui ont tenu à manifester leur colère sous les fenêtres des directeurs, retranchés et protégés par des CRS.
À la Snecma Gennevilliers, à des cadres demandant des efforts de production, des salariés ont répondu... qu'ils en auraient pour 1 % de travail ! À la Snecma Châtellerault, les salariés ont décidé de faire grève deux heures par jour à tour de rôle, ce qui désorganise la production.
Un autre fait marquant a été la participation de nombreux nouveaux embauchés aux débrayages. À Villaroche, la direction a alors envoyé ses cadres faire pression, avertissant des jeunes individuellement : « Débrayer, c'est mauvais pour ta carrière. » Cela les a plutôt indignés et ils ont remis ça aux débrayages suivants !
Il existe un sentiment d'injustice, une volonté de revendiquer son dû pour les salaires. La crise dont on nous rebat les oreilles pour nous demander des sacrifices, chez Safran, on voit qu'elle n'existe pas pour le patronat.