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Leur société
Hausse programmée de l'énergie : Ça sent le gaz
Le gouvernement s'est opposé à deux hausses des prix du gaz pour les particuliers, successivement le 1er juillet et ensuite le 1er octobre. En revanche les tarifs ont augmenté pour les entreprises, de 3,2 % en juillet puis de 4,9 % en octobre. Une fois n'est pas coutume, ce sont les entreprises qui ont fait les frais de la mesure, et pas la population. Il s'agit à l'évidence d'une décision à visée électorale pour geler le prix du gaz avant la présidentielle. Mais après, le barrage pourrait être levé, et l'augmentation décidée pour les entreprises donne déjà la mesure de ce qui menace les particuliers.
Pour préparer le terrain de ces futures hausses, les compagnies gazières ont déposé devant le Conseil d'État des recours contre l'arrêté ministériel qui interdit la hausse pour les particuliers. GDF Suez l'a fait d'abord, à la mi-octobre, puis l'association des petits producteurs (Direct énergie, Poweo, Altergaz...) vient de le faire à son tour.
Ces recours ont peu de chance d'aboutir, mais ils sont un moyen de prendre date. Il existe en effet une réglementation qui autorise le relèvement du prix du gaz en fonction de la hausse du pétrole, sur lequel il est indexé. Avec ce mécanisme, en principe accepté par l'État, les prix auraient dû « automatiquement » monter... si l'État ne s'y était opposé.
GDF Suez estime pour son groupe un manque à gagner de 340 millions d'euros, surtout avec le chauffage de l'hiver. La Commission de régulation de l'énergie (CRE), organisme d'État, aurait souhaité de son côté des hausses de 7,1 % et ensuite de 10 %. Cette commission, dont les cinq membres sont nommés par le président de la République, l'Assemblée nationale et le Sénat, vient de proposer la fin des tarifs du gaz réglementés par l'État pour les entreprises (où la très grosse majorité des volumes de gaz relève déjà des prix du marché). Mais en plus la CRE envisage aussi, comme une « hypothèse », leur suppression pour les particuliers.
La CRE vient ainsi en aide aux trusts gaziers, pour qu'ils se libèrent de toute entrave réglementaire. Comme toujours, l'argument mis en avant est le renforcement de la concurrence, censée faire baisser les prix, alors que ces derniers n'ont jamais été aussi élevés depuis la libéralisation du marché.
Si l'on peut espérer que, dans les mois qui viennent, le prix du gaz ne bougera pas, ensuite, quel que soit le vainqueur de la présidentielle, c'est une explosion des prix qui se prépare.