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- Lutte ouvrière n°2256
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RATP - Région parisienne : Désamiantage à l'économie
Le 15 octobre, des milliers de personnes ont manifesté à Saint-Quentin, ville dont Xavier Bertrand est le maire, dans l'Aisne, contre les menaces concernant l'indemnisation des victimes de l'amiante et contre le retrait de l'obligation aux propriétaires de désamianter leurs bâtiments.
À la RATP, qu'en est-il ? Récemment, des trains du RER B de retour de rénovation, et qui en toute logique devaient être désamiantés, sont revenus avec de la poussière d'amiante sur les bogies. Ils ont contaminé les ateliers de Massy, Sucy et Fontenay-sous-Bois. Les agents de Massy ont donné l'alerte et refusé de travailler dans ces conditions. L'attitude de la direction a été de minimiser les risques. Elle s'est contentée, par exemple, de baliser certaines zones des ateliers de Fontenay et Sucy avec du ruban... comme si cela pouvait empêcher la poussière d'amiante de se répandre.
Cet épisode est symptomatique de l'attitude de la direction de la RATP face au danger de l'amiante. Il y a environ dix ans, elle s'est engagée dans une campagne de désamiantage qui était censée sécuriser les ateliers, le réseau, les trains. La loi n'obligeant pas à éliminer complètement l'amiante, il suffisait de le confiner et d'éviter ainsi qu'il ne se volatilise. De ce fait, aujourd'hui, les ouvriers intervenant par exemple sur des revêtements de sol, des portes, des cloisons, des clapets coupe-feu, et on en passe, peuvent se retrouver face à un nuage de poussière contenant de l'amiante. La direction est incapable ou n'a pas la volonté de fournir des plans fiables indiquant la présence d'amiante. Récemment, des analyses ont révélé la présence de poussière d'amiante jusqu'à la cantine de la Défense !
Dans les trains, les planchers et les cloisons en contiennent et les mesures de confinement laissent parfois pantois : sur les rames de la ligne 12, on recouvre de vernis une partie de la cloison, qui s'effrite à cause de l'ouverture et de la fermeture des portes.
Depuis la reconnaissance officielle du danger que représente l'amiante, la direction a accepté que tous les ouvriers ayant travaillé avant la campagne de désamiantage soient reconnus comme ayant été exposés et, à ce titre, ils ont droit à un suivi, c'est-à-dire une radio tous les deux ans. Sauf que les symptômes liés à l'amiante ne se détectent que tardivement à la radio. Un scanner est plus efficace, mais ce n'est pas le même prix. Quant à ceux qui ont été embauchés après ces mesures, ils ne sont plus considérés comme exposés et, quand ils le sont, ils doivent faire une fiche d'exposition, qui n'ouvre pas automatiquement les mêmes droits que ceux qui ont été accordés aux plus anciens.
Cette situation est d'autant plus révoltante que les dangers de ce produit sont connus des services de santé publics depuis près d'un siècle. Mais le désamiantage se fait à l'économie. Quand des profits sont en jeu, la santé publique passe souvent après.