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Leur société
Publicité des banques : Mensonges à trois sous la ligne
On a pu voir dans les journaux une pleine page de publicité titrée « Il y a tout ce qu'on dit sur les banques. Et puis il y a la vérité », rédigée et payée par la Fédération bancaire française.
Le président de cet organisme, par ailleurs président de la Société générale, a fait diverses interventions et interviews disant que les banques ne sont pour rien dans la crise financière actuelle.
Selon lui, loin de refuser des crédits aux petites et moyennes entreprises, les banques françaises leur ont avancé une somme globale supérieure de 6 % à celle de l'an passé et pour un intérêt moyen dérisoire de 3, 5 % en moyenne. Ce bon apôtre oublie de dire que la comparaison est faite avec une période où le robinet du crédit était quasiment fermé. Comme il oublie de rappeler que les banques trouvent, elles, du crédit à 1 %, voire moins, auprès des banques centrales.
La publicité et le président affirment ensuite que l'argent des Français n'est pas joué sur les marchés financiers puisque « le montant des dépôts (1 530 milliards d'euros) est inférieur à celui des crédits (1 892 milliards d'euros) » et que « les banques doivent même emprunter pour compléter leurs ressources ». Les malheureuses se saigneraient donc aux quatre veines pour aider « les Français » et devraient tendre leur sébile pour récolter de quoi financer l'économie.
Ces gens prennent vraiment les lecteurs pour des billes, car chacun sait que le métier de banquier consiste à gagner de l'argent en prêtant celui qu'on n'a pas. La loi exige certes que les banques possèdent des fonds propres, des capitaux immédiatement disponibles, mais ils représentent moins de 10 % de leur chiffre d'affaires. Le reste est un jeu d'écritures qui rapporte gros aux banquiers tant que les affaires tournent et qui coûte cher aux épargnants lorsqu'elles s'effondrent.
La Fédération bancaire semble également se faire une gloire du fait que les banques n'ont pas demandé à être recapitalisées par des fonds publics. La belle affaire, elles sont sous transfusion constante depuis septembre 2008, leurs affaires sont garanties par l'État et les ministres des Finances de la zone euro se réunissent tous les trois jours pour leur assurer des fins de mois bénéficiaires.
Enfin, les banques françaises se défendent d'avoir spéculé sur la dette grecque, laquelle ne représenterait que 0,12 % de leur bilan. Chiffre évidemment invérifiable ; mais le fait est que les services de la Banque centrale européenne et les ministres des Finances estiment à 100 milliards d'euros la somme à trouver pour couvrir les banques européennes, et en premier lieu les banques françaises, contre le risque de défaut de la Grèce. Où est l'erreur ?
La vérité sur les banques devra attendre encore un peu, jusqu'à ce qu'elles aient été expropriées et que leur personnel, délivré du secret bancaire, puisse mettre les chiffres à la disposition du public.