Syrie : La population ne désarme pas13/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2241.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : La population ne désarme pas

Les manifestations continuent en Syrie. Vendredi 8 juillet, 450 000 personnes ont manifesté à Hama au nord de Damas, selon la Ligue syrienne des droits de l'homme.

Quelques jours plus tôt, les chars de l'armée avaient entouré cette ville de 800 000 habitants, leur faisant craindre un bain de sang comme en 1982, où les troupes de Hafez Al-Assad, le père de l'actuel président, avaient réprimé une révolte, faisant 15 000 à 25 000 morts. Cette fois-ci, l'armée est restée à l'extérieur de la ville, mais les forces de sécurité et les groupes paramilitaires ont tiré et tué 24 personnes selon les manifestants. D'autres villes dans le nord et le centre du pays ont connu des manifestations. À chaque fois, elles se soldent par des morts, dont le nombre atteindrait 1 400 depuis mars dernier, des blessés, des arrestations (au moins 12 000) et des tortures, selon les militants des droits de l'homme. Et pourtant les opposants ne désarment pas.

En dehors de la répression, le gouvernement tente quelques manoeuvres de conciliation, visiblement pour gagner du temps. Il a organisé le 10 juillet une réunion de « dialogue », comprenant des membres du parti Baath, le parti au pouvoir, de ses alliés du Front national progressiste et de personnalités présentées comme « proches de l'opposition ». Mais les opposants ont déclaré qu'il s'agissait d'agents et de clients du pouvoir et ont refusé de participer à ces discussions tant que les forces de répression ne seraient pas rentrées dans leurs casernes, tant que les emprisonnés n'auraient pas été libérés et que les manifestants ne seraient pas libres de défiler dans les rues.

Les partisans du régime en place ont aussi organisé des manifestations devant les ambassades de France et des États-Unis. C'était une réponse aux déplacements des deux ambassadeurs dans la ville de Hama, qui indiquaient que les gouvernements français et américain commençaient à marquer leur distance vis-à-vis du pouvoir syrien. Celui-ci a répliqué en jouant la carte de l'anti-impérialisme, pour mieux souder les rangs de ses partisans et se rappeler au bon souvenir du gouvernement iranien qui, lui aussi, parle de temps en temps de réformes nécessaires en Syrie. Bien sûr, le gouvernement français a fermement protesté et en a appelé au Conseil de sécurité de l'ONU, qui rechigne à condamner le régime syrien. Quant à la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, elle a déclaré : « Le président Assad n'est pas indispensable et nous n'avons strictement aucun intérêt dans son maintien au pouvoir. »

Tout cela sent la manoeuvre et la partie de poker menteur entre complices. Les grandes puissances se sont toujours bien accommodées du régime syrien sous sa forme la plus répressive, tant qu'il faisait régner l'ordre dans la région. Elles ont pris leur temps pour le critiquer, et maintenant l'ampleur et surtout la durée de la résistance commencent à les inquiéter et les poussent à chercher des solutions, avec ou sans Assad, mais qui leur garantissent la paix et la stabilité, pour leurs intérêts, pas pour ceux des peuples.

En attendant, la population se bat et elle ne peut compter que sur sa détermination pour se débarrasser de la dictature.

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