Belgique : Le Parti socialiste, interprète des appétits capitalistes13/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2241.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Le Parti socialiste, interprète des appétits capitalistes

Les négociations pour le renouvellement du gouvernement fédéral - suite aux élections de juin 2010 - ayant échoué une fois de plus, le bras de fer entre partis francophones et partis flamands se poursuit. L'ancien gouvernement, celui d'avant juin 2010, continue donc à gérer les affaires courantes du pays, au moins en juillet et en août, et probablement plus longtemps encore.

Car la majorité des partis politiques ne tiennent pas à retourner devant les électeurs, avec des élections fédérales anticipées, de crainte que les tensions communautaires entre les deux parties du pays en sortent encore aggravées.

Cette fois-ci, c'est Bart De Wever, le président du parti nationaliste flamand N-VA qui a refusé en bloc les propositions économiques et institutionnelles proposées à la négociation par Elio Di Rupo, le président du PS francophone, mandaté par le roi pour tenter de former un gouvernement.

Pourtant Di Rupo était allé très loin dans ses propositions pour un « assainissement rigoureux des finances publiques », c'est-à-dire pour faire payer à la population, notamment aux chômeurs, aux retraités et aux malades, le déficit de l'État après le renflouement des banques et les subventions aux grandes entreprises suite à la crise de 2008.

Di Rupo proposait que le budget de la santé n'augmente que de 2 % par an, au lieu de 4,5 %, ce qui se solderait par moins de remboursements de soins et par la réduction des effectifs dans les hôpitaux.

La proposition d'augmenter l'âge possible de la prépension à 60 ans (aujourd'hui à 58 ans voire 56 ans) - alors que le chômage est élevé - serait surtout une façon de réduire les pensions. Les entreprises pourraient continuer à licencier les travailleurs âgés, mais n'ayant aucune possibilité de retrouver du travail, ils perdraient des années de cotisation pour leur future pension.

La proposition d'abaisser plus rapidement les indemnités de chômage et de les limiter à un minimum vital après deux ans mettrait les chômeurs encore plus à la merci du patronat. Les autres partis, dont les libéraux, tant du côté francophone que du côté flamand ont accueilli favorablement les propositions de Di Rupo. Ces soi-disant « avancées », selon leur terme, seraient en fait d'importants reculs imposés aux classes populaires.

Pour tenter de faire croire à des propositions « équilibrées », Di Rupo proposait aussi quelques mesures touchant le capital, y compris un impôt sur la fortune

de 0,5 % pendant deux ans. Mais c'est une plaisanterie, car il n'y a pas de cadastre des fortunes en Belgique

Quels sont les riches qui iraient d'eux-mêmes proposer de payer un impôt supplémentaire ? Et le temps que les inspecteurs du fisc en sous-effectif enquêtent

Quelques taxes viendraient rogner les profits de spéculateurs maladroits. Quant aux « intérêts notionnels », une mesure fiscale scandaleuse qui permet aux banques et aux plus grandes entreprises d'éluder massivement l'impôt, ils resteraient en place !

Di Rupo était aussi allé très loin dans les « transferts de compétences vers les Régions et les Communautés » et « l'autonomie fiscale pour les Régions » exigés depuis des années par le patronat flamand : régionalisation partielle des impôts, des allocations familiales, des soins de santé, de la politique de l'emploi et du chômage.

Ce sont là encore des mesures dirigées contre les travailleurs, qu'ils habitent en Flandre, à Bruxelles ou en Wallonie. Les travailleurs paieraient plus d'impôts, les patrons pourraient faire jouer le dumping fiscal entre les régions. La régionalisation des soins de santé ouvrirait la porte à leur privatisation accélérée.

Toutes ces propositions sous le prétexte de renflouer le déficit de l'État n'ont pas suffi à amadouer les autres partis.

Et il est évident que ces propositions de Di Rupo, et il en était tout à fait conscient, serviront de base de départ - en étant probablement aggravées - dans les négociations futures.

Et ce ne sont pas les menaces des centrales syndicales de « rompre la paix sociale » si de telles mesures étaient appliquées qui seront suffisantes pour faire reculer le grand patronat.

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